Froideur synthétique

Avec Vices et Mensonges, les Belges de Violence Conjugale redonnent vie à la synth-pop et à la cold wave des années 1980. S'ils obtiennent un 10/10 en réalisation, l'innovation n'est pas franchement au rendez-vous. Sans doute par choix.


Voilà quelques années déjà que le vintage est à la mode. Jamais le monde n'a autant essayé de ressembler à ce qu'il était hier qu'aujourd'hui : relire Simon Reynolds pour s'en persuader. La musique n'échappe pas à cette folle vague rétro. L'art est affaire de cycles, perfectionnés et retravaillés à chaque nouvelle apparition. Dans la multitude de genres qui retrouvent grâce aux yeux du public ces temps-ci, la synth-pop et la cold wave sont tout en haut de la liste. Figure de proue de cette résurgence des années 1980, Violence Conjugale propose sur Vices et mensonges (2016), son dernier album en date, la même froideur synthétique que sur son opus précédent. Au risque de commencer à lasser son public.

Les synthétiques sont là, les arpégiateurs aussi. La voix sombre, métallique, quasiment robotique tant elle paraît inhabitée balance ses paroles en forme de slogans. Les thèmes abordés : une société dépravée, ayant érigé l'excès comme mode de vie ultime. Comme le nom du groupe, Vices et mensonges met très rapidement mal à l'aise. Comme on le serait devant une Intelligence artificielle déréglée qui jetterait son œil sur notre monde. École du suicide, Le banquet des mensonges, Overdose de télévision... Autant de titres qui poussent à la réflexion en exagérant volontairement les failles de nos quotidiens. L'esprit industriel, désenchanté et robotique de la cold wave est respecté au pied de la lettre.

C'est justement là que réside le problème. Si le retour en grâce de ce genre avait de quoi surprendre il y a quelques années, force est de constater que Violence Conjugale commence à s'essouffler. La faute à une absence d'impulsions novatrices au sein même de cette synth-pop. Si les amateurs du genre apprécieront forcément ce dernier album, d'autres pourront lui reprocher de n'être qu'une reprise d'un opus de Trisomie 21. Faut-il revisiter un genre au risque de lui faire perdre son essence ou se contenter d'appliquer les règles pour une renaissance nette et sans bavures ? Vous avez quatre heures.

Violence Conjugale + Videodrome
Au Sonic le vendredi 25 novembre à 20h30


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Super c'est dimanche