Il fallait regarder derrière l'écran

En tournant autour d'un chef "vu à la télé", on a finalement accosté une charmante trattoria : la Gazzetta Mezza Lira.


L'émission Top Chef, paraît-il, existe encore ; et va même entamer très bientôt sa 8e saison. En 2015, Florian Chatelard s'était présenté devant ce jury. La prod' lui avait taillé un sacré costume de cuistot "sanguin", Lyonnais donc prétentieux : une "machine de guerre" conçue pour irriter le téléspectateur. Après son élimination, le jeune homme a discrètement préparé l'ouverture de son resto, que l'on attendait avec un plutôt bon a priori, heureux de pouvoir regarder derrière les montages de la téléréalité ; et convaincu par Tabata Mey (ex-Top Chef, désormais cheffe des Apothicaires) que les candidats au concours de M6 pouvaient être de très talentueux cuisiniers.

Son P'tit Boulevard est situé sur le boulevard des Brotteaux. Pas de folies, côté déco : murs blancs, mobilier et vaisselle (Ikea) noir, quelques plantes (Ikea) vertes. Par une petite fenêtre, on aperçoit l'homme en blanc qui s'agite. Au déjeuner il envoie contre 15€ ce qui est certainement l'un des meilleurs plans du coin : un plat de bistrot bien fichu (ce jour, du filet mignon) et le dessert qui va avec (la mousse au chocolat de maman).

En ce qui concerne le menu-carte, on reste plus sceptique. Pour 35€, on a pu goûter du saumon (gravlax) et de fines tranches de betteraves jaunes et rouges. Puis, des saint-jacques violemment snackées, posées sur de l'épeautre très crémé, très salé, le tout recouvert d'un bouillon vert et mousseux. Et pour finir, une bien discrète clémentine, rôtie au beurre, et son combo crumble/glace (noix de pécan/crème d'Issigny). À vrai dire, on s'attendait à plus péchu. Côté vins, la sélection terre à terre ne risque pas de dérider la clientèle à costard et cheveux gris.

Charmante trattoria

Mais si vous êtes de passage aux Brotteaux, profitez-en pour zieuter la devanture très discrète (une ardoise Martini sert d'enseigne) de la Gazzetta Mezza Lira. Indices soulignant l'italianité des lieux : une tasse d'espresso abandonnée en terrasse, un 50cc garé à côté ; à l'intérieur, des meules de parmesan, des bidons d'huile d'olive et des paquets de panettone. Tout comme les produits, le personnel a l'accent de la botte.

À la carte : les antipastis sont chers comme là-bas. Les pizzas (à partir de 9€), façonnées par un présumé napolitain (cf. l'écharpe de supporter accrochée devant lui), sortent fumantes d'une impressionnante demi-sphère : un four à bois recouvert de mosaïque blanche. Mais les meilleures affaires se trouvent côté plats (tous hyper classiques : pâtes carbo ou bolo, lasagnes, saltimbocca, etc. ).

À l'étage, sur nappe vichy,  avec des voisines de tables au brushing et sac Vuitton impeccables, on s'est essayé au truc le plus (apparemment) simple : des penne all'arrabbiata (12€). Les grosses pâtes avaient fini de cuire (comme il se doit) dans une sauce bien nappante, faite de tomates fraiches (oui, ce n'est pas la saison...), de beaucoup d'ail et de piments oiseaux entiers. C'était tout à fait fameux dans le genre. Côté dessert, un ami nous avait vanté le cannolo (6, 50€), ce biscuit tubulaire farci de ricotta sucrée, fruits confits et pistaches, comme étant le meilleur dessert de Sicile et donc du monde. Passons sur la tendance méditerranéenne à l'exagération. Et il paraît que le tiramisu est une tuerie...

Le P'tit Boulevard
20 boulevard des Brotteaux, 6e
De midi à 14h (sauf samedi) et de 19h30 à 22h (sauf lundi) ; fermé le dimanche

Gazzetta Mezza Lira
32 boulevard des Brotteaux, 6e
De midi à 14h (sauf lundi) et de 19h à 23h ; fermé le dimanche


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