Ce n'est pas à un vieux sage...

Philippe Delaigue s'attele à la figure mythologique de Tirésias : à voir au Théâtre de la Renaissance.


Le metteur en scène Philippe Delaigue ne manque pas d'ambition et c'est tout à son honneur. Après avoir livré récemment un cinglant et très juste Hors-jeu sur le déclassement d'un ingénieur (avec Enzo Cormann à l'écriture et sur le plateau), il s'est attelé à la figure mythologique de Tirésias, un homme ayant eu une parenthèse de vie de femme et étant ainsi le plus apte à trancher les conflits sentimentaux de ses contemporains.

Bien qu'aveugle et retiré des affaires, il accepte pour sa fille de se remettre en selle et de dispenser ses conseils comme un coach fatigué. Grimé, avec sa tête de savant fou, il est las d'une vie sans fin et, à l'instar de la fée du Cendrillon de Joël Pommerat, il n'a rien de l'image d'Épinal que pourrait renvoyer son personnage.

Thomas Poulard, l'homme qui remet intelligemment Dürrenmatt au goût du jour (La Visite de la vieille dame, Les Physiciens), sait conférer à son rôle son désabusement, mais aussi une certaine tendresse : il possède ce décalage entre temps ancestraux et ultra-modernes, qui figure également sur le plateau. Lequel est très habité, sans être encombré, par des tas d'archives qui ont pris la poussière et par un ordinateur : les demandes d'oracles arrivent par mails et par réseaux sociaux.

Cette pièce joliment atemporelle est une marque supplémentaire du parcours singulier et exigeant de son metteur en scène, fondateur et longtemps directeur du Centre national dramatique de Valence, qui signe ici, et pour la première fois, le texte d'après les écrits de Sophocle, Ovide et Homère.

Tirésias
Au Théâtre de la Renaissance du 9 au 11 mars


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