Lou et l'île aux sirènes

de Masaaki Yuasa (Jap, 1h52) avec les voix de Shôta Shimoda, Kanon Tani, Akira Emoto…


Ado taciturne vivant dans un village de pêcheurs, Kai aime se réfugier dans sa musique. Se laissant convaincre par deux amis de lycée, il forme avec eux un groupe qui séduit une incroyable fan : Lou, jeune sirène mélomane. Le groupe va tenter de la faire accepter par les villageois…

Depuis Takahata et Miyazaki, on sait l'importance du commerce que les Japonais entretiennent avec la Nature, s'incarnant dans de multiples divinités protectrices et volontiers farceuses (voir Pom Poko). Nouvel avatar de cette innocence joviale, Lou poursuit l'inscription de ce patrimoine traditionnel dans le monde moderne, luttant contre la voracité humaine pour y préserver sa place — il y aura au moins une morale à en retirer. Si le fond est connu, la forme innove.

Au classique duo poétique/grotesque courant dans l'anime nippon, Masaaki Yuasa ajoute des éclats de ce néo-screwball héritier de Tex Avery qu'on rencontre dans Gumball ou Adventure Time pour quelques séquences débridées (ah, le frénétique générique !) ; mais aussi des moments plus abstraits, où le graphisme est gouverné par des aplats de couleurs. Cette hybridation des styles d'animation profite au film et lui donne un relief esthétique supplémentaire — sans besoin de passer par l'artifice de la 3D. Autant d'éclat(s) ne pouvait qu'être couronné par  le Cristal du meilleur long-métrage à Annecy.


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