Keren Ann "À cœur et à cordes"

​Dans le cadre unique de la Chapelle de la Trinité, Keren Ann honorera l'invitation du Petit Bulletin festival de venir illuminer d'arrangements pour cordes ses plus belles chansons avec la complicité de l'indispensable Quatuor Debussy. Un exercice que l'auteur-compositrice affectionne particulièrement.


Depuis 2000, Keren Ann est l'une des grandes figures de ce qu'on appela jadis “la nouvelle chanson française”. Révélée par La Biographie de Lukas Philipsen et la chanson Sur le Fil, en même temps que par l'album Chambre avec vue, co-écrit avec Benjamin Biolay pour le vénérable Henri Salvador, énorme succès commercial et critique, la chanteuse franco-néerlandaise n'a cessé d'imposer sa patte intimiste au long une discographie qui lui a valu des comparaisons avec ses aînées Françoise Hardy ou Claudine Longet, tout autant qu'avec des figures du folk comme Joni Mitchell ou Leonard Cohen.

Voyageant sans cesse entre la France, les Etats-Unis et Israël, Keren Ann l'a également beaucoup fait musicalement, s'associant avec l'Islandais Bardi Johansson pour le projet Lady & Bird et enregistrant à New-York des disques aussi importants que Nolita et l'éponyme Keren Ann, hommage sur du velours au Velvet Underground. Surprenant son public avec l'album 101 et son single My name is trouble de pure veine électro-pop, la chanteuse, devenue maman en 2012 est revenue en 2016, sans les avoir jamais vraiment quittés, a ses amours folk sur You're gonna get love, 7ème album en 17 ans de carrière.

De quoi constituer un beau répertoire pour la scène, que Keren Ann viendra distiller avec bonheur et délicatesse au Petit Bulletin festival dans un écrin d'arrangements de cordes. Une configuration qu'elle apprécie particulièrement : « C'est même un exercice que je fais très souvent », confie la chanteuse, grande amoureuse de la production et des arrangements, qu'elle s'y attelle elle-même ou laisse cela au soin des plus prestigieux collaborateurs (Maxim Moston, Bjarni Þorvaldsson, Antoine Silverman, Avner Kelmer).

MAGIE ET ENVIE

« L'occasion était trop belle, avoue-t-elle, de collaborer avec le Quatuor Debussy et de le faire en plus à la Chapelle de la Trinité où j'avais très envie de jouer. Dans un lieu comme celui-là tout rentre en jeu : la salle, le concert, la dynamique, l'énergie. C'est toujours magique pour un artiste de jouer dans ce genre d'endroit. Parce que ce sont des lieux qui, au- delà de leur acoustique exceptionnelle, ont leur histoire, une esthétique propre qui nous précède. ».

Mais ce n'est pas le prestige de ses accompagnateurs d'un soir, l'aura de la chapelle baroque ou cette volonté farouche de maîtrise qui ceint parfois les musiciens, qui vont mettre un surcroît de pression sur Keren Ann : « Les partitions des arrangements existent déjà, ce qui facilite beaucoup le travail en amont. Avec le Quatuor nous n'avons effectué qu'une lecture, après c'est vrai que pour chaque concert, on réajuste, on opère quelques finitions. J'ai ajouté deux ou trois choses. » Laisser le feeling et la magie du moment opérer, voilà ce qui importe surtout. Il en sera de même pour le choix des chansons qui n'est, dit-elle, pas tout à fait arrêté et qui, en dépit d'un format qui pourrait paraître corseté pour le profane, réservera sans doute, quelques surprises à tout le monde, à commencer par l'intéressée elle-même :

« En général, il s'agit de chansons que j'ai envie de faire au moment de la préparation. Ce peut-être aussi fonction de l'orchestre, mais ça peut changer jusqu'au dernier moment avant le concert, en fonction de l'humeur de la journée. »

Preuve que, même si l'exercice se révèle pour elle très différent de celui auquel elle s'était livrée en mai dernier pour la première fois en France avec une série de concerts solo baptisés « One night Alone », où il s'agissait de mettre son cœur sur scène et sans filet, on peut penser que ce concept à cordes, saura rendre grâce d'une manière tout aussi intime et authentique à l'univers feutré et sans filtre de Keren Ann.

KEREN ANN
Avec le Quatuor Debussy, à la Chapelle de la Trinité le samedi 28 octobre à 20h30 


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