Rover « La petite enfance des chansons »

Au sortir d'une longue tournée consécutive à la sortie de son deuxième album,  Let It Glow, Rover remet le couvert avec Out Of The Blue, nouveau concept scénique qui le voit revenir aux sources de la création de ses chansons et qui passe par le Petit Bulletin festival, en compagnie du violoncelliste Gaspar Claus. 


Comment s'est passé l'après Let it Glow et la tournée qui s'en est suivi ?
Rover :
C'était une très belle tournée, très dense et très riche. Très inspirante. La première tournée, on a tendance à davantage la subir qu'on ne la vit, tout va très vite. La deuxième on prend le temps, ça permet d'être pleinement dans la musique. C'est différent. Ce n'est pas forcément mieux, mais différent. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Les débuts ont été chaotiques du fait des attentats du Bataclan. Le disque était sorti une semaine avant. On a fait la tournée dans ce contexte avec ce genre d'émotion très forte qu'on n'arrive pas à expliquer. Mais ces émotions, la musique permet de les vivre, et de les assimiler un tout petit peu.

Quelle est l'origine du projet scénique Out Of The Blue ? En quoi consiste-t-il ?
Out Of The Blue signifie en anglais “sorti de nulle part”. Ça fait référence à quelque chose qui émerge comme ça : une idée, une chanson, une histoire d'amour. Notre métier nous fait vivre beaucoup de moments comme ça. Au-delà de son sens, l'expression m'a toujours plu. Le projet, lui, est venu un peu par hasard quand on m'a proposé trois soirs de carte blanche à l'Amphithéâtre de la Philharmonie de Paris, en mai dernier. La carte blanche c'est à double tranchant : d'abord on est très excité, ensuite on panique. Mais l'idée m'est venue, étant donnée la configuration de la salle et cette grande liberté, de proposer un spectacle autour de l'étape du chemin d'une chanson qui est rarement mise en avant : l'étape de la maquette. Travaillant seul et ayant un rapport très intime avec la musique, c'est quelque chose que je ne partage pas et j'avais envie de faire une parenthèse autour de cet instant, de me présenter sur scène avec le matériel que j'ai à la maison ou dans les lieux où je travaille, me rapprocher du son qui est celui des maquettes en m'accompagnant d'un seul musicien, Sébastien Collinet. Ça m'a m'a tellement plu qu'on s'est dit avec mon tourneur qu'ont pouvait aller approfondir ce spectacle dans d'autres lieux atypiques.

Ce versions de vos chansons peuvent évoluer d'un concert à l'autre ?
Oui et non. On s'est laissé la grande liberté de pouvoir prendre l'instrument qu'on souhaite, de pouvoir même en jouer plusieurs. Le spectacle se déroule dans une ambiance de home studio, très intimiste visuellement et d'un point de vue sonore. Rien n'est réellement écrit à part le fait qu'on connaît les chansons et qu'on va être à l'écoute l'un de l'autre. Les chansons vont être parfois très dépouillées et parfois modifiées. En fait, ces versions proches de la maquette me manquaient. Je suis tellement attaché à elles avant de rentrer en studio que j'avais envie de les interpréter à nouveau telles quelles. C'est comme regarder des photos de ses enfants bébés, on se replonge dans la petite enfance des chansons. Dans cette configuration, l'émotion qu'on a avant de monter sur scène est décuplée, on ne sait pas encore exactement ce qu'on va faire, on sait juste qu'on va faire de la musique. Un peu comme quand on est plus jeune et on le fait sans arrière-pensées, juste pour être en communion.

Pour ce concert lyonnais c'est Gaspar Claus qui va vous accompagner. Parlez-nous de lui...
L'histoire avec Gaspar remonte au premier album, lorsqu'on a eu la chance de faire une création pour le Printemps de Bourges, où j'avais interprété mon répertoire accompagné d'un violoncelle et de deux violons. C'est devenu un très bon ami depuis. On est resté en contact et je me suis dit « sur ce projet, c'est typiquement le musicien qu'il me faut » : il vient des musiques improvisées, de la musique expérimen- tale, il a un palmarès qui pourrait être écrasant et qui ne l'est pas du tout, il est très riche humainement et très riche musicalement. C'est une grande chance d'avoir pu combiner nos emplois du temps et de pouvoir partager la scène dans l'esprit du projet Out Of The Blue.

ROVER «OUT OF THE BLUE»
Avec Gaspar Claus
À la Chapelle de la Trinité le dimanche 29 octobre à 19h


LA CLASSE CLAUS

A la question « que peut-on faire avec un violoncelle ? », il serait plus rapide pour Gaspar Claus de répondre « que ne peut-on pas faire avec un violoncelle ? ». Car cet instrument, le virtuose Gaspar, le trimballe sur tous les fronts de la musique, pour ne pas dire qu'il s'en est fait une spécialité. Que ce soit en front de scène, comme on a pu le voir lors du Petit Bulletin Live du 9 novembre 2016, ou de disque ou comme accompagnateur de luxe (Rone, Sufjan Stevens, Jim O'Rourke, Bryce Dessner, Pedro Soler, Barbara Carlotti). En solo, comme en formation. Cet “entremet- teur musical” venu des musiques improvisées, patron d'un label à la mesure de sa démesure musicale, Les Disques du Festival Permanent, vient cette fois mettre son talent au service de son ami Rover à l'occasion de cette date lyonnaise un peu particulière de sa tournée Out Of The Blue.


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