La Salle Rameau, revue et corrigée

Le projet de nouvelle Salle Rameau a pris du retard, pour cause de crise sanitaire, mais son futur était aussi une question au vu des changements à la tête de la Ville : on fait le point.


Dans la foulée de l'abandon des Ateliers de la Danse au Musée Guimet, ça aurait pu être l'un des dossiers chauds de la rentrée dans le monde culturel : le devenir de la Salle Rameau, projet désormais porté par le promoteur immobilier La Compagnie de Phalsbourg et pour la partie contenu par Scintillo, la société de Steven Hearn. On sait qu'alors maire du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert n'avait pas été tendre avec ce choix opéré par l'ancien exécutif. Certaines sources disant même que l'attitude du jury réuni en octobre 2018 avait été plutôt clémente pour ce dossier qui provisionnait une somme conséquente pour les travaux, beaucoup moins avec celui porté par le promoteur Carré d'Or et l'agence Urban Project de Damien Beaufils (le troisième projet, emmené par Les Chevaliers du Fiel, partait de bien trop loin). Désormais adjointe à la Culture, pourrait-elle remettre en cause ce choix ? Première réponse : non, cette décision est entérinée, et les deux porteurs iront bien au bout de leur démarche, malgré le changement d'exécutif, malgré la crise sanitaire et économique. Et si les travaux ont pris du retard, l'ouverture est bien prévue, pour la rentrée 2022.

La Ville veut des adaptations

Mais face aux doutes sur la viabilité du projet et son intégration dans le quartier, des questions se sont quand-même posées... Nathalie Perrin-Gilbert : « le permis de construire avait été signé par le maire précédent, la délibération est passée en conseil municipal... On n'a souhaité casser ni le bail, ni le permis de construire. Ça aurait beaucoup coûté à la Ville. On ne s'est pas engagé dans cette voie, par contre on a rencontré Scintillo et La Compagnie de Phalsbourg fin août : on leur a dit que notre  souhait était de faire évoluer le projet en lien avec eux, pour qu'il puisse correspondre un peu plus à la réalité des attentes du secteur culturel lyonnais et du quartier. »

Du côté des porteurs de projet, personne ne souhaite s'exprimer, ce qui laisse libre cours aux rumeurs dans la cité (non, Arty Farty n'a pas repris en main la programmation du lieu selon Vincent Carry). Voici ce que nous pouvons confirmer : la Salle Rameau sera bien une salle de spectacle, avec entre 600 et 800 places assises selon la configuration. La résidence avec l'Orchestre de Chambre de Lyon est toujours d'actualité : entre 50 et 60 dates par an sont prévues, soit avec leur répertoire classique, soit pour des créations avec des musiciens d'autres univers. Des concerts de pop, de rock et de la nouvelle scène rap française seront aussi programmés. Voilà pour la partie musique. De l'humour est également prévu, ambiance Blanche Gardin plutôt que Bigard. Et le théâtre comme le cirque pourraient trouver une petite place. En journée, seront programmées des conférences avec l'Université de Lyon.

Le restaurant et le bar sont toujours d'actualité,  en mode rooftop avec une verrière. La réflexion se porte actuellement sur le partenaire pour cette partie : ce seront des professionnels de la restauration qui rejoindront le projet. Mais le choix n'est pas acté. Côté "culture court", au rez-de-chaussée — qui trouvera probablement un nouveau nom —, l'idée est de vendre livres, disques et autres objets culturels, allant jusqu'à la mode et les arts de la maison, autour de diverses thématiques (invitation à une ville, un pays, thème du jardin d'intérieur...). Des marques, sélectionnées pour leurs valeurs, viendront installer des corners. Là encore, la réflexion est en cours pour affiner cette partie. Toute la programmation — salle de spectacles comme culture court — sera assurée par une équipe interne recrutée ultérieurement. 

Un "Culture Court" qui pose question

Ces dernières semaines, les réunions se sont multipliées avec les associations de riverains comme les nouveaux élus pour présenter le projet : Nathalie Perrin-Gilbert fin août, mais aussi la nouvelle maire du 1er Yasmine Bouagga, et bien entendu le collectif Salle Rameau. Steven Hearn, lui, n'a jamais répondu à nos multiples sollicitations depuis octobre 2018 et avait séché la conférence de presse de présentation du projet avec Gérard Collomb, ce qui avait entraîné une improvisation pas très maîtrisée du directeur de la Compagnie de Phalsbourg, qui avait alors parlé d'un « Olympia à la lyonnaise », phrase qui avait grandement déplu à beaucoup. L'adjointe à la Culture confirme : « un Olympia à la lyonnaise, je leur ai dit que ce n'était absolument pas un projet intéressant.  Ce que je constate, c'est qu'ils sont à la recherche de leur modèle. Dans les trois mois qui viennent, nous aurons donc un atelier mensuel pour définir le projet. Ce seront des temps de travail thématiques, je n'y serais pas en direct, mais mes services, la DAC et la mairie du 1er vont travailler avec eux sur l'insertion dans le quartier et sur l'offre culturelle. Ce que je constate également, c'est que seul le projet de la salle est à peu près calé, par contre sur l'offre de restauration ce n'est pas calé, sur le culture court, c'est pas calé du tout, c'est très flou — je n'ai pas compris et je leur ai exprimé mon soucis au sujet de ce rez-de-chaussée. Vu le contexte actuel, ça rebat toutes les cartes : je le comprends. Mais vendre des disques et des livres à proximité de plusieurs disquaires et libraires du quartier, c'est un problème... Cet espace sera une vraie question : on va le travailler avec eux, ils se sont engagés à le faire. Car je ne veux absolument pas que ça déséquilibre le tissu local. »


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Fanny Dubot, présidente du Musée des Confluences