Olivier Dubois, montée de sève

Après Tragédie et Auguri, Olivier Dubois revient à la Biennale de la Danse avec une création intitulée Itmahrag. Un cri, des voix et des corps de la jeunesse, venus d'Égypte.


En 2012, le chorégraphe Olivier Dubois marque les esprits au Festival d'Avignon puis à Lyon, avec Tragédie. Dix-huit danseurs y marchent nus dans la pénombre, selon des règles précises, formant peu à peu un chœur hypnotique tragiquement humain. Pièce radicale,  Tragédie s'inscrit aussi dans ce retour aux sources récurrent que le chorégraphe opère vers les origines de la danse : le rite, le chœur, le rythme, le corps, la transe… Quatre ans plus tard, les courses circulaires des vingt-quatre danseurs d'Auguri (présenté pour la première fois en France à la Biennale de Lyon en 2016) poursuivaient dans cette veine, battant au rythme des fondamentaux de la danse et du mouvement. Il y aura ensuite De l'origine, le solo autobiographique Pour sortir du jour et Tropismes… Mais creuser et retravailler les racines de la danse n'a jamais été pour Olivier Dubois s'extraire pour autant de l'actualité ni du pouls politique et sociétal du monde contemporain. Ni, non plus, se couper des affinités populaires de la danse (Olivier Dubois a d'ailleurs dansé pour Céline Dion et a campé le personnage de Frank Sinatra dans sa pièce L'Homme de l'Atlantique).

Urgence de la danse

La nouvelle création d'Olivier Dubois, Itmahrag (néologisme signifiant "festoyons"), se situe à l'entrecroisement des trois fibres artistiques du chorégraphe : éléments atemporels de la danse, enjeux politiques (sans message) contemporains, résonances populaires.

Un pied à Paris et un pied au Caire depuis plusieurs années, Olivier Dubois s'inspire pour cette pièce du mahraganat , courant musical égyptien croisant rythmes traditionnels, rap et électro, qui a déferlé parmi la jeunesse de l'ère post-Moubarak. Le mahraganat se danse et se chante dans la rue, les fêtes branchées, aux mariages, voire dans des spots publicitaires. « Les Égyptiens chantent et dansent partout, de manière discrète et intime mais cela fait partie intégrante de leur culture. Et là, j'ai observé avec beaucoup de curiosité le développement d'une musique et d'une danse plus sauvages, plus instinctives. Elle est d'apparence moins savante, totalement saturée, comme si chaque espace, instant devait être rempli, comme si le temps était compté » indique Olivier Dubois dans le dossier de presse de sa création.

Ode à la fête et à la jeunesse, Itmahrag est aussi le fruit d'une longue et étroite collaboration entre la compagnie d'Olivier Dubois et de jeunes musiciens et danseurs amateurs basés à Alexandrie. Sept interprètes amateurs, trois musiciens et quatre danseur se feront la vague déferlante et résonnante d'un cri de jouvence et d'une nouvelle manière de faire se mouvoir les corps.

Olivier Dubois, Itmahrag
Aux Usines Fagor-Brandt, dans le cadre de la Biennale de la Danse, ​du mercredi 9 au vendredi 11 juin


Repères

1972 : Naissance à Colmar

1997 : À 23 ans,  décide de devenir danseur après des études en langues étrangères, droit et économie

2003-2007 : Collaborations avec Jan Fabre qui aura une grande influence sur son travail

2007 : Fonde sa propre compagnie

2012 : Création au Festival d'Avignon de Tragédie, dernier volet radical d'une trilogie (Révolution, Rouge, Tragédie)

2014-2017 : Directeur du Ballet du Nord

2016 : Création d'Auguri 

2021 : Création de Itmahrag


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