10 spectacles à réserver pour la saison à Lyon

Immanquables ? Assurément. Voici 10 pièces de théâtre pour lesquelles il faut absolument réserver cette saison dans la Métropole lyonnaise. Sélection.


Love

Trois ans que l'on attend de revoir ce Love depuis qu'il était passé au CDN de Valence dans la foulée de Paris. Ce travail du Britannique, auteur et metteur en scène Alexander Zeldin nous convie sur le palier d'un étage de logement social. Un quadra y vit avec sa mère incontinente, une famille d'immigrés tente d'y nourrir correctement ses enfants. Des hommes sans papier passent par là. Les langues se mélangent, les corps, dont aucun ne ressemble à celui d'un autre, se frôlent. L'amour déborde mais se heurte à la plaie béante qu'est la pauvreté. Cette grande pièce, déchirante et bouleversante, décalée par le Covid, trouvera enfin sa place à Lyon. Et c'est une joie. 

Aux Célestins du mercredi 3 au dimanche 7 novembre


Pli

Il y a eu la tornade de papier sous la verrière des Subs. Et il y a désormais les agrès de la circassienne israélienne Inbal Ben Haim. Tout dans Pli, créé la fois aux Subs et au centre chorégraphique de Grenoble auquel elle est associée, est fait de papiers et de cartons, les cordes avec lesquelles elle se balance comme les tapis qui amortissent ses chutes. Ce travail plastique d'Alexis Mérat et Domitille Martin est assez stupéfiant et visuellement magnifique. Le duo a également conçu en partie les "costumes", véritables deuxième peau de cette promue 2018 du CNAC. De quoi explorer toujours plus l'antagonisme force / fragilité et toucher concrètement la métamorphose.

Aux Subs du mercredi 10 au samedi 20 novembre


Sabordage    

À toute allure avec dextérité et drôlerie mais aussi une conscience politique assez enragée (et le couteau entre les dents), les Belges du collectif Mensuel nous avaient livré un excellent Blockbuster, un bout-à-bout des scènes cultes du cinéma américain bruitées et sonorisées. Si leur Homme qui valait 35 milliards était plus tendre, c'est une très bonne nouvelle de voir le Théâtre de Vénissieux leur être fidèle et aller voir à quoi ressemble la fin du monde sur un îlot d'Océanie avec toujours « musique live, séquences télé braconnées, théâtre, claquettes, vidéos montées en direct, bruitages et faux dialogues » comme ils le décrivent eux-mêmes.

À Pôle en Scène à Bron le mardi 16 novembre
Au Théâtre de Vénissieux le vendredi 11 février 2022


Quoi / maintenant

Cet été les tg STAN ont sérieusement pris l'eau aux Nuits de Fourvière jouant sous des pluies diluviennes au point de faire gondoler un peu leur spectacle. Leurs Molière étaient un peu trop en roue libre. Ici le délirant collectif flamand s'empare de Dors mon petit enfant du norvégien Jon Fosse sur notre absence au monde et de Pièce en plastique de l'Allemand Marius Von Mayenburg, complice de longue date de Thomas Ostermeier, sur le trop-plein de la société de consommation. Grinçant, politique et bien souvent désopilant.

À La Mouche à Saint-Genis-Laval les samedi 27 et dimanche 28 novembre


Clara Haskil, prélude et fugue

On sait depuis qu'elle a été l'Ondine de Jacques Weber en 2004 que Lætitia Casta est une véritable actrice. Avec une pianiste, elle interprète la vie de Clara Haskil, cette compositrice née à Bucarest en 1895 qui est devenue Suisse au cours d'une vie mouvementée. Elle ne sera reconnue par ses pairs que tardivement et surtout après sa mort accidentelle à 65 ans. Le metteur Safy Nebou, avec ce texte de Serge Kribus, retrouve l'ancien mannequin qu'il avait déjà dirigé au théâtre de l'Œuvre dans Scènes de la vie conjugale d'Ingmar Bergman

Au Radiant le dimanche 28 novembre


Le Paradoxe de Georges

Il y a eu le cirque (Pinder, Grüss...) puis le nouveau cirque. Avec Yann Frisch, il y a désormais la magie nouvelle. Même s'il a fait le tour du monde avec ses vidéos de bonimenteur (Baltass), il sait aussi livrer des spectacles mémorables de noirceur, quand la magie et le clown sont au service de l'état dépressif (Le Syndrome de Cassandre). Pourtant la malice n'est jamais loin et dans ce Paradoxe de Georges, il invite à sa table de jeu de cartes pour se délecter de l'esprit de manipulation voire d'escroquerie. Spectacle pour petite jauge dans son camion qu'il emmène partout sur les routes

À la Ferme Berliet à Saint-Priest (Théâtre Théo Argence délocalisé) du mardi 14 au dimanche 19 décembre


Ça marchera jamais

C'est un bel exercice auquel s'est livré Nicolas Ramond avec sa compagnie des Transformateurs : celui d'une cartographie de l'échec en faisant une introspection de son parcours artistique. Nulle auto-flagellation pourtant mais une chronique douce-amère sur les choix que l'on fait et les conséquences des décisions des autres sur soi. Drôle, ce court spectacle d'une grosse heure est porté par Anne de Boissy et Philippe Salério qui avaient obtenu un prix spécial du jury lors de la première édition du Prix Célest'1 en 2019.

Au Théâtre Jean Marais à Saint-Fons le vendredi 11 février


Une cérémonie

Des Belges ? Oui encore des Belges ! Cette sélection très subjective en contient beaucoup. C'est que le Conservatoire de Liège et celui d'Anvers font du bon boulot et rendent sacrément curieux leurs élèves. Voire militants. Passé par Avignon 2019 — il y a un siècle — cette nouvelle création du Raoul Collectif débarque enfin ici après maints reports. Eux qui ont déjà frayé avec des hommes étranges (l'assassin Jean-Claude Romand, le navigateur Mike Horn…) dans Le Signal du promeneur, préféré les Rumeurs et petit jour aux déclarations tonitruantes des grands soirs, font leur Cérémonie. Oui mais pour dire quoi ? Faire quel geste ? Dérapages en vue.

Au Théâtre de la Croix-Rousse du mardi 15 au vendredi 18 mars


Optraken

Passé par la Maison de la Danse en juin 2019 deux ans après sa création, Optraken offre enfin une séance de rattrapage à Villefranche. Auréolé d'une solide réputation, ce spectacle du Galaktik Ensemble explore, comme beaucoup de spectacles de cirque, la gravité mais en se jouant des éléments météorologiques et donc de l'imprévu. Cinq circassiens sont au plateau dont le trampoliniste Karim Messaoudi, acolyte de Mathurin Bolze avec qui il a joué Fenêtres et créé Barons perchés.

Au Théâtre de Villefranche les vendredi 6 et samedi 7 mai


L'Île d'or

C'est toujours un événement. Après le Palais des Sports de Gerland, les Subsistances… Ariane Mnouchkine sera au TNP qui s'est associé pour sa venue avec pas moins de six autres salles (Toboggan, Radiant, Renaissance, Célestins, Croix-Rousse, Nuits de Fourvière et même Comédie de Saint-Étienne). Cette création collective pilotée par la fidèle Hélène Cixous et le musicien Jean-Jacques Lemêtre se nomme aussi Kanemu-jima car cette île d'or, terre d'accueil de ceux qui fuient le chaos du monde, trouve ses origines dans le (premier) voyage au Japon que la fondatrice du Théâtre du Soleil a fait en 1963 dont elle n'est jamais totalement revenue et qui l'a précédemment guidée dans son travail sur Richard II (1981),  Henry IV (1984) et Tambours sur la digue (1999). Pour déployer cette nouvelle fable, elle a fait appel à 35 comédiens de nationalités différentes dont Georges Bigot ou Hélène Cinque, ses compagnons depuis quelques décennies.

Au TNP du mercredi 9 au dimanche 26 juin


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