Imarhan, le feu acoustique


En tamasheq, Imarhan signifie "ceux qui vous veulent du bien". C'est un fait que la première fois qu'on a entendu le groupe, qu'on l'a vu sur scène aux Fêtes Escales de Vénissieux, on aurait été bien en peine de se dire que ce n'était pas ce qu'ils nous voulaient, du bien. En un album — leur deuxième, Temet — sur le label allemand City Slang (Arcade Fire, Tindersticks) dans l'œil duquel ils avaient tapé, ces jeunes gens de Tamanrasset, à l'extrême sud de l'Algérie, dont le kiff était alors de répéter dans le désert au son des amplis à piles, a ajouté son nom au prestigieux cortège des groupes de rock touareg qui comptent (Tinariwen bien sûr, mais aussi Terakaft, Takrist Nakal, Tamikrest ou encore Toumast, tous originaires du Mali ou du Niger).

Mais si le groupe était adepte à l'occasion de ces tempêtes de riffs électriques qui faisaient beaucoup danser dans les mariages et qui donnaient des tueries en règle comme Azzaman et surtout Ehad wa dagh, il opérait déjà davantage que ses confrères dans une veine folk-rock où ces tourbillons s'assèchent en ballades acoustiques enchanteresses.

Contemplatif

C'est peut-être encore plus le cas sur le tout récent Aboogi qui met fin à pas moins de quatre ans de silence discographique en partie comblés par des tournées américaines et européennes et se révèle comme un album de l'apaisement. C'est peut-être comme ça qu'Imarhan est le plus grand et le plus beau, dans le sillage du chant envoûtant, presque atonal et pourtant chaleureux de Lyad Moussa Ben Abderrahmane.

Sur la majeure partie de l'album, on s'immerge même dans des morceaux volontiers contemplatifs, quasi comptines folk qui flirtent avec un certain minimalisme (l'ouverture Achinkad, le sublime Taghadart avec la chanteuse soudanaise Sulafa Elyas et surtout le tube en puissance Adar Newlan, avec le musicien Gallois Gruff Rhys, ex-Super Furry Animals). La flamme est moins vive mais le feu brûle toujours autant. Sur scène, il ne faudra pas souffler beaucoup sur les braises pour que tout s'embrase à nouveau. Pour le meilleur et pour le bien.

Imarhan
Au Ninkasi Gerland le mardi 29 mars


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