Le Musée Urbain Tony Garnier menacé de fermeture dès septembre

Il n'y a pas que les mastodontes culturels qui trinquent avec les sévères coupes budgétaires émanant de la Région. Le Musée Urbain Tony Garnier (Lyon 8e) vient aussi d'en faire les frais, ce qui pourrait conduire à sa fermeture dès septembre. Explications.


Le courrier est arrivé le mercredi 10 mai à la direction du Musée Urbain Tony Garnier, en provenance de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, annonçant le retrait de la totalité de la subvention annuelle qui lui était jusqu'ici accordée, soit 35 000 €.

Ce courrier stipule que « la priorité régionale est de soutenir la rénovation de patrimoine des territoires éloignés d'une offre culturelle ». Or, comme le fait remarquer sa directrice Catherine Chambon, ce musée est installé dans un quartier dit de Politique de la Ville, soit une politique de cohésion urbaine et de solidarité envers les quartiers les plus défavorisés, en l'occurrence celui des États-Unis dans le 8e arrondissement lyonnais qui compte 95% de logements sociaux. Par ailleurs, avec Grand Lyon Habitat, le musée promeut la rénovation de ce quartier : la réhabilitation du mur peint de la Halle Tony Garnier sera terminé dans quelques jours.

Cette suppression de la subvention, annoncée alors que l'année concernée est déjà largement entamée, risque de mettre fin à toute activité du musée selon sa directrice : « cela correspond à un salarié à temps plein, nous ne serions plus deux et c'est inenvisageable de fonctionner ainsi ». Des préavis de licenciements pourraient être lancés fin juin pour une fermeture du musée début septembre.

La Région était engagée auprès du musée depuis presque vingt ans et aucun signe avant-coureur ne laissait présager d'une telle décision, selon la directrice. Ce lieu séduit des visiteurs du quartier et en grande partie ceux d'un bassin élargi autour de Lyon, de Villefranche à Bourgoin-Jallieu. Avant le Covid, de nombreux visiteurs internationaux venaient aussi, comme des chercheurs en architecture curieux de cette cité construite par Tony Garnier dans les années 20 ou encore des visiteurs asiatiques. La pandémie a favorisé un tourisme national, « les Français qui viennent visiter les grandes villes ».

« L'exposition actuelle consacrée aux Trente Glorieuses marche très bien et connait même un succès inattendu » selon Catherine Chambon qui déplore la survenue de cette annonce au moment où le musée se relance après la crise sanitaire.

Ce week-end est par exemple organisé un Bal des Jours Heureux en partenariat avec la Maison de la Danse à l'Espace citoyen de la Mairie du 8e (vendredi 13 à 20h30, samedi 14 à 16h).

Le budget annuel du Musée Urbain est de 250 000€ (90 000€ provenant de la Ville de Lyon, 22 000€ de Grand Lyon Habitat, 15 000€ de la DRAC, 35 000€ de la Région jusqu'alors + des recettes propres de mécénat, billetterie et boutique).


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