Y aller voir de plus près


Pour le divertissement, passez votre chemin. L'histoire du monde est rude, son avenir n'en sera pas plus doux. Et Maguy Marin n'a pas l'intention de ripoliner sa chambre en rose.

Y aller voir de plus près, créé dans le In d'Avignon 2021 démontre, dans un amas d'objets et de textes, que les humains n'apprennent rien de son Histoire. Que les guerres s'engendrent les unes les autres. Ad nauseam. Il y a une sorte d'exercice de l'épuisement dans ce travail qui fait suite à deux pièces (Deux mille dix sept puis Ligne de crête) qui, en regardant dans le rétroviseur, l'annonçaient.

Quatre comédiens-danseurs abandonnent la danse pour faire de leur corps des surfaces de transmission, déambulant sur le plateau pour coller des chiffres, des mots, taper sur des tambours et donner du rythme à ce qu'ils disent lorsqu'ils se font conteurs : la guerre entre Sparte et Athènes, telle que l'a écrite au Ve siècle avant notre ère, dans La Guerre du Péloponèse, le contemporain des événements, Thucydide.

Une fois de plus la chorégraphe explore ce qui délie les êtres : la trahison, la délation au point qu'apparaissent sur les nombreux écrans des figures contemporaines (Bolsonaro, Dassault…). C'est souvent étouffant et aride mais c'est aussi infiniment rassurant de croiser la route d'une artiste qui ne renonce pas à cette forme d'exigence : regarder l'Histoire dans ses recoins, traquer les aberrations des humains et en faire œuvre.

Y aller voir de plus près
À Ramdam dans le cadre de Contre-sens du mardi 25 au samedi 29 octobre


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Maguy Marin : « regarder comment les choses qu’on ne voit pas se sont passées »