Thierry Jolivet : le grand réveil

Apres La Vie de Joseph Roulin, le metteur en scène Thierry Jolivet revient au grand format. Onze acteurs sur le plateau, de la vidéo en permanence et la promesse de plonger dans un Sommeil sans rêve. Rencontre avant la première.


À J-17 de la création de Sommeil sans rêve sur le grand plateau des Célestins, Thierry Jolivet s'apprête à passer à l'écriture ! Inquiétant ? Non ! S'il concède un grand vertige face à la tâche, il sait aussi, « qu'on a inventé un monde au gré des phases d'improvisations et de trois à quatre allers-retours depuis le premier laboratoire de travail début 2021 ».

Ce "on", ce sont les onze acteurs et actrices, une « choralité » qui est le sujet même de ce travail dont il ne peut prédire encore la durée « mais il faut bien se contraindre au temps d'une soirée, il n'est pas prévu qu'il y ait plusieurs épisodes » et puisque « pour faire court, il faut du temps et je n'ai pas beaucoup de temps, je ferai long ! ». Il sera question de « l'entrelacement des expériences et du hasard et au point de départ de chaque figure, la mort, le deuil, les fantômes ». Chacun de ces parcours est aussi amorcé dans autant de pastilles vidéo d'une minute trente à retrouver sur le site des Célestins ou sur YouTube avec les colères, les pensées, les ruminations de Jackson, Camille, Zoé, Vincent, Nadir, Héloïse et d'autres.

La matière est immense

Dans ce spectacle, ce membre de La Meute qui avait décapé les plateaux il y a dix ans au sortir du Conservatoire de Lyon avec Les Carnet du sous-sol (Dostoïevski), Belgrade (Angelica Liddell) ou La Famille Royale (William T. Vollmann), se sent dans « son désir, celui d'un « rêve de fête » et d'amplitude de geste auquel se joint ici – à défaut de musique live comme habituellement – l'utilisation constante de la vidéo. « Elle sera permanente et intégralement en direct, un continuum filmique pour déployer les fragments d'une ville et aussi, en même temps, la fabrication d'un film ».

Et, particularité, ce ne sera pas le travail de techniciens à vue mais de la troupe elle-même qui joue, filme, fait bouger le décor. La matière est immense à quinze jours de la création, peut-être que des mots issus d'une œuvre envelopperont l'ensemble par une voix-off, mais il n' y aura pas d'autres emprunts, c'est le metteur en scène qui signe ce texte dont une partie émane des improvisations collectives, « une langue très parlée » pour plus de « spontanéité », une sorte d'équilibre entre les bouts de réels et l'abstraction. Mystère bientôt levé.

Sommeil sans rêve
Aux Célestins du jeudi 23 février au samedi 4 mars


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Madeleine Riffaud, majuscule au CHRD