5 formations dans le vent (des années 2000)

Outre Fake Oddity, ces cinq (et même un peu plus) groupes ou artistes solo ont marqué la pop lyonnaise des années 2000 de leur empreinte. 


Scalde

Dire que ce double-mètre originaire de Haute-Savoie était le chef de file de cette scène n'est pas usurpé. Des membres de quasiment chacun des groupes cités ici ont joué avec lui à un moment où un autre (Edward Bouillon des Rams, Faik Şardağ et Mathieu Destailleur de Fake Oddity, Jo Rolland de The Green Olive, Selar) où sont montés sur scène grâce à lui, fondateur des Disques Puzzle et orchestrateur du vrai-faux tremplin Dandelyon. Mais Scalde, double de Sylvain Rebut-Minotti, c'était aussi l'expression d'une sorte d'avant-garde pop-folk dont les inspirations vintage (un amour immodéré pour Nico ou le folk psyché, des compositions résonnant de sitar et lorgnant vers Tim Buckley) avec au fil des ans, des innovations lorgnant vers l'électro-pop (l'EP Fear of a Fly). Après quelques disques artisanaux, ce chanteur exceptionnel et arrangeur hors-pair a produit Poperetta qui aurait dû être l'album de la consécration mais fut à la place son disque maudit, publié plusieurs fois mais toujours atrocement distribué, en plus d'embrouillaminis contractuels. Si bien que le suivant, en grande partie écrit, ne put voir le jour. On vit ensuite Scalde tourner avec le New-Yorkais Fredo Viola, prêter sa voix à Agoria, Oxia ou plus récemment à Arandel, autre entité de Sylvain Rebut-Minotti, aux contours électroniques et au destin plus souriant.


The Rams / A Song / Fireball FC

Ces trois groupes sont étroitement liés, les deux derniers cités émargeant chez Echo Orange, étant nés des cendres du premier. Thibault Labey est allé fonder A Song et Edward Bouillon Fireball (devenu Fireball FC) dans lequel a joué Thibault Labey. Groupe à la trajectoire météorique, The Rams est sans doute l'un des plus talentueux a avoir foulé le sol lyonnais (en témoigne leur inoubliable I Was Blind). Et ce, dans une veine évidemment McCartneyesque (d'où leur nom). A Song, qui a sorti les impeccables Hotel de Nice (du nom de cet hôtel de Perrache aux fenêtres donnant sur l'échangeur de Perrache) et You're not there, a toujours oscillé entre nostalgie 1960's et revival brit-pop 1990's. Fireball FC, mené par le guitariste vintage (vu aussi aux côtés de Scalde), fan hardcore de McCartney, officie davantage dans une veine psychédélique et la fantaisie tongue-in-cheek. À noter qu'un troisième membre des Rams aperçu chez les deux autres, Alexis Kacimi, est allé fonder The Rebels of Tijuana, groupe mi-lyonnais, mi-suisse.


Selar

Complice de Scalde qui fut un temps son producteur et dont il était le bassiste en live, Selar s'ébattait musicalement plutôt vers les contrées du slacking musical façon Pavement/Lou Barlow, avec une petite touche de Lou Reed pop et quelque chose de Grandaddy dans ses sorties les plus tardives. Capable d'écrire des chansons au kilomètre, ce mélodiste hors-pair fut en une poignée d'années, le musicien pop le plus prolifique de la place lyonnaise avec pas moins de quatre véritables albums (Selar, New Estates, Burning Ground, Visions of Mr. Strange) en l'espace de sept ans (et l'auteur, tête penchée, air impassible dans un pull de ski, de quelques concerts inoubliables sur à peu près tout ce que Lyon comptait de scènes). Tous bourrés de tubes désinvoltes : fusées pop ou comptines pour adultes bordées de glockenspiel. Si quelques authentiques génies ont occupé le paysage de cette movida pop, Selar n'en est pas le moindre. Ces dernières années, il avait rejoint la dernière mouture des Purple Lords avant leur séparation.


The Purple Lords

ce groupe écraserait d'un coup de talon n'importe quelle concurrence, et le fait de ne pas s'en donner la peine vaut tous les triomphes ». Formé en 2001, The Purple Lords était régulièrement qualifiés de groupe garage (ce qui était en réalité un véritable malentendu pour ces puristes) mais se portaient davantage vers une sorte de punk-blues porté par le charisme de son chanteur David Guillaume et du guitariste solo Alban Jamin, terriblement complémentaires. Auteurs de leur premier EP en 2005, The Purple Lords livrent déjà sur scène des concerts épiques aux tubes ravageurs comme Black Rider ou I aint got you girl. Quelques EP dont The Laziness & Pride et Jump the Next Train (sur lequel des cuivres faisaient leur apparition) sont suivis des albums A Slow Motion Trip (très blues) Concrete Lust (en vinyle et dans une veine plus frontale).>


The Green Olive

Dumb & Dumber, des Strokes en pleine montée de sucre, c'était un peu la formule The Green Olive. Lesquels mélangeaient à merveille les inspirations très pop de Martin Ohanessian, chanteur et guitariste, et les influences bruitistes (At The Drive In, Mars Volta) de son compère Joseph Roland, pour composer de drôles de chansons à boire (ou à manger). Chacun de leurs concerts ressemblant à une joyeuse mise à sac de n'importe quelle auberge de jeunesse. Pressés comme une olive, le quatuor a remporté Dandelyon (au talent, en une parfaite masterclass de désinvolture) et publié son unique album en 2006 (éponyme, comme ça c'est plus simple) avant de s'offrir une tournée anglo-américaine et de raccrocher les gants pour vivre leur vie, la vraie. Le seul dont ont eu des nouvelles (excellentes) fut Joseph Roland, rebaptisé Joseph Merrick, pour un très chouette projet folk-rock (deux albums impeccables en 2011 et 2014) qui ouvrira le concert anniversaire de Fake Oddity.

Et aussi : Les Putrellas Forever, Déjà Vu, Music Is Not Fun, Benjamin Fincher, The Rebels of Tijuana, Ravenhill, Le Chevalier de Rinchy, Lauren Stuart & The Golden State of Mind, Walnut Grove.


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