Habiter mieux

L'Autre Soie, La Saulaie… sortie de terre ou tout juste fixé dans leurs détails, à Villeurbanne et à Oullins, piloté par la Métropole ou un groupement d'intérêts économiques, habiter à un tarif encadré redevient une priorité. Et à chaque fois la culture y trouve sa place, que ce soit le CCO La Rayonne ou un tiers-lieu porté, entre autres, par le Ninkasi. Exemples de ces combats politiques.


Bruno Le Maire a vite ravalé sa bêtise « personnelle » énoncée dans les colonnes du Parisien le 26 septembre dernier. Même son camp s'est étranglé à cette idée de révision du calendrier d'interdiction à la location des passoires thermiques (les logements classés G au titre du diagnostic de performance énergétique doivent sortir du marché locatif en 2025, tous les F en 2028). À Lyon, le vice-président en charge de l'habitat à la Métropole, Renaud Payre, estime que « ce n'est pas parce qu'on est dans une crise du logement qu'il faut baisser les bras sur la réhabilitation et la rénovation, on sait que c'est le chantier de demain et que ça touche les plus précaires. Bien sûr qu'il ne faut pas immobiliser des biens, c'est notre combat contre Airbnb mais dans le CNR – Conseil national de la refondation – Logement, on a proposé au gouvernement de faire un grand investissement public pour racheter ces passoires énergétiques notamment lorsqu'elles sont la propriété de gens modestes qui n'ont pas d'autres biens, en faisant du BRS, bail réel solidaire. Retarder le calendrier est un vrai renoncement et ils ne veulent pas investir dans le logement. Le paradigme qu'ils ont est que le marché régule ! ».

Dont acte. La Métropole s'engage à hauteur de 10M€ en 2023 et surtout 2024 pour un « plan d'urgence » visant à aider les bailleurs sociaux à sauver des « opérations plantées ». Car, notamment à cause de la hausse des taux d'intérêt (4% actuellement), les logements mis en vente avant construction ne trouvent pas preneurs et cela condamne ces opérations immobilières. « À la crise de l'offre, s'ajoute désormais une crise de la demande » rappelait le président de la Métropole Bruno Bernard fin septembre, fustigeant au passage l'Etat jugeant « catastrophique » qu'il n'ait retenu aucune proposition du CNR. L'objectif désormais est de sauver entre 2000 et 3000 logements privés et de 600 à 900 logements sociaux complémentaires, sachant que 70% de la population y est éligible. Et plus globalement de faire en sorte qu'il y ait davantage de logements en BRS, ces baux réels solidaires, qui permettent, en dissociant le bâti du foncier, que des foyers modestes accèdent à la propriété tout en enrayant la spéculation car la plus-value à la revente est encadrée, ce qui est essentiel.

La Saulaie et le Ninkasi

Deux projets importants sont en cours. Parmi eux celui de la Saulaie à Oullins, très essentiellement porté par la Métropole. Ce vaste territoire entre la station de métro, la M7, le cours d'eau de l'Izeron va accueillir, dès 2026 et jusqu'à l'horizon 2033, 2000 habitant·es, 3500 salarié·es. 220 logements ont été rajouté aux 650 prévus, soit 870 logements dont 60% en BRS. Plus d'espaces verts et moins de places de parking que dans les premières moutures aussi. Avec la prolongation du métro B jusqu'à Hôpital Lyon Sud en service le 20 octobre, le parc-relais sera déplacé à Saint-Genis-Laval et va laisser place à un parc sportif. Au final : des îlots où cohabitent logements, bureaux, halles d'activités. Et parmi elles, un tiers lieu porté par le Ninkasi et Etic qui devrait être en préfiguration dès avril prochain avant son ouverture en 2027. Au programme : bals pop, soirées apéro thématisées, concerts… en simultané de l'ouverture des Grandes Locos sur le territoire voisin de La Mulatière qui va accueillir du public pour la première fois avec les days des prochaines Nuits sonores.

L'Autre soie et le CCO

Direction nord-est de l'agglo pour atterrir dans un autre projet d'habitations mixtes. Celui de l'Autre soie à Villeurbanne. Des logements sociaux, de l'habitat participatif, des résidences étudiantes (comme à La Saulaie), des logements pour seniors, une pension de famille, mais aussi un accueil mère-enfant et le bâtiment du CCO-La Rayonne avec sa salle de spectacles de 1000 places, des studios et plateaux de création. Ainsi qu'un parc municipal auto-géré. Véritable utopie urbaine réalisée en partie avec du bâti ancien (ex IUFM) et avec de nombreux matériaux recyclés, ce « bout de ville » sera totalement livrée en 2026 mais d'ores et la rénovation du bâtiment patrimonial l'est et La Rayonne est inaugurée les 13 et 14 octobre. Objectif ici ? « Faire en sorte que loger celles et ceux qui en ont le moins les moyens soit une opportunité pour le territoire » commentait récemment Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne et aux prémices du projet dans ses fonctions précédentes de directeur d'Est Métropole Habitat rappelant que les premières personnes accueillies avant les travaux étaient les migrants abandonnés suite au démantèlement des camps de Calais. Tout est affaire de politique. Et en l'occurrence ici de celle aussi de l'Etat qui a cédé ce terrain avec une décote de 60% (loi Duflot à destination du logement social) et aussi de la commission européenne qui a soutenu à hauteur de 5M€ ce projet unique qui a vocation à se dupliquer. 


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