Les salles de concert de Lyon décloisonnent leurs programmations

Événements gratuits ou à prix réduits, mais aussi collaborations avec des acteurs de l'économie sociale et solidaire : Bon nombre des salles de Lyon revendiquent aujourd'hui être « plus » que des salles de concert, mais aussi des lieux de la vie quotidienne, de rencontres, et d'apprentissages. Une tendance qui témoigne des nouvelles attentes des publics.


Un nombre croissant de salles de concert lyonnaises souhaitent dévier légèrement de la seule programmation musicale. Cette dynamique n'est pas nouvelle, mais était plus marginale avant le Covid. Des salles tenues par des associations comme le Grrrnd Zero à Vaulx-en-Velin, ont toujours proposé de nombreuses projections, cantines, expositions, récoltes de fonds de soutien, collant à leur ADN engagé. 

Depuis, la tendance s'est répandue, perdant au passage un peu de sa sève militante. Tant et si bien que la salle du Ninkasi qui devrait voir le jour en 2027 à Oullins, s'installera au cœur d'un tiers-lieu dont on ne connaît pas encore tous les acteurs. D'après son directeur Fabien Hyvernaud « Par tiers-lieu, on entend un espace qui appartient aux riverains, un lieu de vie ». Il évoque le prêt de la salle à des troupes de théâtre du territoire, mais ne s'aventure pas plus loin sur l'aspect social du projet.

La salle de la Rayonne, qui vient d'ouvrir ses portes le 13 octobre à Villeurbanne, est, elle aussi, située au cœur d'un tiers-lieu. Appartenant au CCO de Villeurbanne, elle a vocation à engranger des profits pour alimenter les projets sociaux et d'action territoriale du CCO. La salle programme aussi des événements gratuits et ponctuels comme le concert de récolte des dons matériels pour la Halte des Femmes par exemple.

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Des lieux de fête qui souhaitent devenir des lieux de vie

Pour les salles plus conventionnelles, il a fallu être inventif : Le Marché Gare, situé à Confluence, transforme régulièrement sa petite salle du rez-de-chaussée en cabaret pour des "déjeuners solidaires". La cuisine est préparée et servie par des salariés en insertion de l'association ERIS tandis qu'un groupe joue de la musique : « De nombreux travailleurs et habitants du quartier viennent y manger le midi", s'en félicite Benjamin Petit, directeur et programmateur. La SMAC a aussi organisé un marché de Noël pour les petits artisans, à 20 euros la location du stand. "On pourrait croire qu'on se fait de l'argent avec ces initiatives, mais on est plutôt perdants. Ça nous demande beaucoup d'efforts, de nous décentrer de notre métier. C'est aussi pour ça qu'on est subventionnés pour pouvoir faire des choses sans penser profit ».

Des prises de risques que ne peuvent pas se permettre toutes les salles du territoire non plus : certaines ne considèrent pas qu'il s'agit de leur domaine de compétences. D'autres évoquent une pénurie de temps, de moyens, ou d'un placement géographique défavorable. 

"On veut quand même aller dans cette direction, même si on manque de temps. On essaye surtout l'été avec des événements ponctuels", raconte David Fontaine, programmateur du Transbordeur :"Aujourd'hui, un bon concert ce n'est pas que du bon son et des bonnes lumières, ce sont aussi des valeurs. Il y a une attente du public qui veut habiter nos lieux autrement que par la seule programmation musicale."


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