Son concert qui devait avoir lieu le samedi 16 février à la Halle Tony-Garnier à Lyon a été interdit par la Préfecture du Rhône, qui a émis un arrêté ce mercredi. La même décision a été prise la veille par la Préfecture du Nord pour son concert prévu à Lille ce jeudi.
Les services de l'État ont expliqué cette décision par « Un contexte géopolitique particulièrement tendu », estimant que « Nombre de ses titres contiennent des propos complotistes, et ouvertement antisémites et empreints d'une admiration pour la personne d'Adolf Hitler et le IIIe Reich ».
Des annulations qui s'enchaînent depuis la sortie de son album LMF en 2020 et des clips jugés racistes et antisémites. Le rappeur avait rapidement été signalé par la LICRA qui avait appelé l'ensemble des partenaires de l'artiste à cesser de collaborer avec lui. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait, de son côté, déclaré étudier les recours juridiques pour poursuivre Freeze Corleone. La polémique n'a cessé d'enfler depuis.
Né aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, le rappeur de 31 ans est longuement resté confidentiel et reste encore peu connu du grand public. Au cours des quatre années, il a — par ses textes et son esthétique volontairement crue et subversive —, su trouver son public. Alors que sa musique est toujours appelée au boycott, son nombre d'écoutes ne cesse d'augmenter. 22 heures après la sortie de son dernier projet ADC celui-ci comptabilisait déjà 6, 7 millions d'écoutes uniquement sur la plateforme Spotify.
Malgré ces interdictions, il est possible que les concerts aient lieu, une audience en référé-liberté est déjà prévue jeudi devant les tribunaux administratifs de Lille.
En mars 2023, à Rennes, la municipalité a prononcé une interdiction similaire. Le Conseil d'État a finalement autorisé le rappeur à se produire au motif que le Maire socialiste a porté « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'expression, à la liberté de réunion et à la liberté d'entreprendre ». Plus récemment, en novembre dernier, la Préfecture de Paris a tenté d'interdire deux concerts de Freeze Corleone au Zénith, mais la justice administrative a annulé cette décision.
Par ailleurs, le rappeur fait l'objet d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nice pour apologie du terrorisme. Dans un communiqué, son manager Shone a réagi : « Le 10 février, par des messages publiés sur les réseaux sociaux, messieurs Christian Estrosi et Eric Ciotti ont cru bon de devoir diffamer Freeze Corleone, en inventant eux-mêmes, des paroles qu'ils ont décidé d'ajouter à un couplet de l'artiste, pour pouvoir ensuite les dénoncer. » ajoutant qu'ils allaient, à leur tour, porter plainte contre le maire de Nice et le président des Républicains.
Contacté par le Petit Bulletin, Freeze Corleone n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.
Le tribunal administratif de Lyon a confirmé ce jour l'interdiction du concert de Freeze Corleone à la Halle Tony-Garnier. La même décision a été prise pour le concert prévu à Lille la veille. De son côté, l'équipe du rappeur a fait savoir sur les réseaux sociaux qu'un recours a été transmis au Conseil d'État et demeure toujours en attende de réponse.