Mathurin Bolze : le prince du bel air

Il a la tête en l'air et les pieds sur terre. À l'occasion de la reprise à l'Hexagone de Meylan de son très beau spectacle "Fenêtres" créé en 2002, le circassien Mathurin Bolze nous raconte son métier et son bonheur de générer des collaborations artistiques. 


Un peu d'histoire pour commencer. Né en 1974, Mathurin Bolze a pratiqué le théâtre et surtout la gym à haute dose, avant de filer au Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne. Rapidement (en 2001), il fonde la compagnie MPTA et, à l'occasion d'une commande de la Brèche, le pôle national des arts du cirque de Cherbourg, il invente La Cabane aux fenêtres. Cette forme courte de 15 minutes va grandir et finir par se nommer Fenêtres. C'est un immense succès.

Quinze ans plus tard, il donne ce solo aérien et grandiose à Karim Messaoudi, rencontré lors d'un stage de formation. La magie, elle, est toujours présente. Un pur moment de grâce visuelle sur un homme enfermé dans un appartement et qui ne semble trouver d'échappatoire que par les airs, grâce à un sol trampoline. Mathurin Bolze nous explique le choix de cet outil : « C'est un sol aux propriétés particulières. On peut le banaliser en le cachant dans un décor. Et dès lors, on peut rentrer dans une poétique. »

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Depuis 2002, Mathurin Bolze est ainsi un nom qui compte sur la scène nationale, grâce notamment à plusieurs spectacles – le duo Ali, le vertigineux Du goudron et des plumes… Et ce qu'il fait ne serait pas un métier comme l'avait cruellement supposé Laurent Wauquiez lors de la dernière campagne des élections régionales ? Le futur président de la région avait ainsi déclaré qu'il fallait « fermer les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes » et « ouvrir des formations débouchant sur des vrais jobs ».

Mathurin Bolze : « Il faut du temps pour créerPenser que c'est fantaisiste est très violent à entendre, ça fait sourire aussi. C'est un métier qui s'appuie sur des savoir-faire et un savoir-être porteurs de valeurs et de sens. Qu'on ne se trompe pas : ce ne sont pas des paroles, ce sont des actes. Il faut avoir confiance en l'autre au point de le propulser aussi haut qu'il puisse se tuer en tombant — et ça arrive les accidents, parce que l'on manque de moyens, les gens répètent dans des granges au lieu de gymnases. »

Car le milieu du cirque est toujours peu soutenu comparé à d'autres disciplines artistiques, même si sa reconnaissance progresse, comme en témoigne la nomination récente à la codirection du Centre chorégraphique national de Grenoble du circassien (mais pas que) Yoann Bourgeois, que Mathurin Bolze connaît bien. Un beau symbole.

Fenêtres
À l'Hexagone (Meylan) mardi 15 et mercredi 16 novembre à 20h


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