"L'Étrangleur de Boston" : autopsie d'un serial killer

Avant de se lancer dans une semaine de célébrations pour ses 50 ans, le Ciné-Club de Grenoble propose ce mercredi 8 mars un classique de Richard Fleischer sorti en 1968.


Pour l'ouverture de son cycle "Tueurs en série", le Ciné-Club de Grenoble propose L'Étrangleur de Boston de Richard Fleischer. Ce dernier, habitué aux séries B de triste mémoire en fin de carrière (Kalidor : la légende du talisman), fut pourtant l'artisan des meilleurs thrillers américains du début des années 1970 comme L'Étrangleur de la place Rillington et Les Flics ne dorment pas la nuit.

Mais revenons-en à Boston. Après une fantaisie musicale, L'Extravagant Docteur Dolittle, Fleischer change complètement de registre en 1968. Il dirige alors Tony Curtis et Henry Fonda pour raconter la traque d'Albert de Salvo, meurtrier entre 1962 et 1964 d'une dizaine de femmes à Boston.

Partant de ce fait divers, Fleischer déploie une mise en scène inventive, en constante prise avec la réalité qu'il scrute. La splendide photographie de Richard H. Kline et la construction complexe de ses cadrages portent à elles seules le sens psychanalytique de l'œuvre. Curtis y livre une interprétation intense dans le rôle du tueur, surprenant dans la retenue.

Peut-être l'un des premiers films journalistiques modernes avant l'arrivée d'Alan J. Pakula, L'Étrangleur de Boston trouve son originalité dans son utilisation avant-gardiste du "split screen", dédoublant l'image, multipliant l'information scénique à sa guise comme autant de signes précurseurs des médias de masse.

Un travail sur l'image et son sens qui, heureux hasard, forme aussi le fil conducteur des 50 ans du Ciné-Club de Grenoble dont la semaine de célébration s'ouvrira le mardi 14 mars avec un autre casse-tête visuel, Blow up de Michelangelo Antonioni. On reparlera de cet événement plus longuement dans le prochain numéro.

L'Étrangleur de Boston
Au cinéma Juliet-Berto mercredi 8 mars à 20h


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