PB d'or 2018 : cinéma

Où l'on sauve deux films de cette année 2018 et où l'on sacre une institution grenobloise.


Le PB d'or de ceux qui resteront : les héros hexagonaux du premier semestre

La fin de l'année euphorique (et aquatique) dans les salles ne doit pas faire oublier que son début fut semé de misère. C'est un fait : 2018 ne restera pas dans les annales comme une cuvée prodigieuse pour le cinéma français. Sa fréquentation médiocre, à l'avenant d'une offre calamiteuse, la menait tout droit au "PB de plomb".

De ce semestre maudit que beaucoup voudront effacer de leurs mémoires, on sauvera deux films qui ont ensoleillé la morne plaine. En premier chef Jusqu'à la garde, baffe monumentale de la Mostra 2017, premier long-métrage de Xavier Legrand sorti en février. Porté par une interprétation au couteau, ce drame familial oppressant poursuit le film court du réalisateur sur le même thème sans redondance (très bon point) et confirme le talent d'un jeune auteur aussi brillant dans la direction d'acteurs que la mise en scène.

Ensuite À genoux les gars, scellant le retour d'Antoine Desrosières au premier plan dans une comédie dramatique jaillissante de verbe désopilant et de jeunesse. Révélant Souad Arsane et Inas Chanti, cette histoire de "rape and revenge" très #MeToo dans l'idée (sans l'avoir prémédité) est une merveille d'écriture et de jeu. Son seul défaut ? Avoir trouvé le chemin des écrans fin juin, à l'heure des vacances scolaires. Reste à espérer que son sujet lui permette d'être intégré dans le programme "lycéens au cinéma" : il constitue en effet un support merveilleux pour évoquer des sujets sensibles auprès d'adolescents. Le temps lui rendra raison.


Le PB d'or de la programmation qui nous en a mis plein les yeux : celle de la Cinémathèque de Grenoble

Des films rares voire invisibles de toutes les périodes et de toutes les chapelles cinématographiques ; une sélection méticuleuse et pensée avec soin, construite autour d'un grand cycle cinéphilique sur le thème de l'odyssée, de différents temps forts ponctuels (autour des réalisateurs Jack Arnold et Billy Wilder, du cinéma chinois, de l'animation japonaise…) et de partenariats bien sentis – Dolce Cinéma, Les Rencontres du film ethnographique, le Mois du documentaire…

C'est peu de dire que la première partie de la programmation 2018/2019 de la discrète mais pourtant passionnante Cinémathèque de Grenoble, dirigée depuis deux ans par Peggy Zejgman-Lecarme, nous a bluffés par son ambition. Et laisse présager le meilleur pour la suite. Alors regardez souvent dans nos pages ce qui se passe au cinéma Juliet-Berto (la salle où projette principalement la Cinémathèque).


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