Le Grand Son : « Annuler le festival a été une décision douloureuse à prendre mais c'était sûrement la plus sage »

Le Grand Son tire sa révérence. Le festival, qui se tenait chaque été depuis 1988 dans la commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse, n'aura pas lieu du 18 au 21 juillet comme prévu. En cause : les difficultés financières de l'Éphémère, l'association porteuse de l'événement qui a tenu une assemblée générale extraordinaire samedi 22 juin. On l'a contactée, ainsi que la société grenobloise le Périscope qui coorganisait la manifestation.


À quelques semaines du festival, la décision est tombée et en a surpris plus d'un. La 32e édition du festival Le Grand Son (Les Rencontres Brel jusqu'en 2017) n'aura pas lieu du 18 au 21 juillet à Saint-Pierre-de-Chartreuse. Pourtant, avec des artistes comme Deluxe, Cats on Trees, Jérémy Frérot, Trois Cafés Gourmands ou encore Oldelaf, le casting 2019 avait de quoi attirer un public large. Tout s'est plutôt joué en coulisse.

Car depuis plusieurs mois, l'association l'Éphémère, créatrice et porteuse de l'événement, est confrontée à des difficultés financières. « En novembre, nous nous sommes engagés dans une procédure de redressement judiciaire pour essayer de sauver l'association et le festival » explique Jean-Pierre Godefroy, président de la structure. « Après six mois d'observation, nous avons eu une nouvelle audience avec la juge et le procureur de la République, qui ont constaté que notre dette était conséquente : elle s'élevait à plus de 260 000 euros. »

Liquidation judiciaire de l'Éphémère

Ne pouvant, sur ordre du procureur, contracter de nouvelles créances, l'association a préféré demander sa mise en liquidation. « En avril, on a senti le vent tourner et on a contacté le Périscope, qui coorganise l'événement avec nous depuis 2018. On leur a dit qu'on n'arrivait pas à trouver de solution pour rembourser la dette. Ils nous ont cependant demandé de maintenir le festival vis-à-vis des artistes, du public... On est alors allés dans leur sens mais le fait de ne pas trouver un budget prévisionnel à minima à l'équilibre a été l'élément déclencheur qui nous a amenés à prendre la décision, douloureuse mais sûrement la plus sage, de mettre en liquidation l'association et, de fait, d'annuler le festival. » Une décision votée à l'unanimité lors de l'assemblée générale extraordinaire de l'Éphémère qui s'est tenue samedi 22 juin.

Pour sa part, le Périscope, producteur de tournées d'artistes et organisateur de festivals, trouve ce choix regrettable et difficilement compréhensible à quelques semaines du lancement des festivités. « Quand on a rejoint l'organisation du festival en 2018, l'Éphémère nous a fait part d'une situation financière délicate mais loin d'être problématique » explique Sylvain Nguyen, gérant de la société. « On les a soutenus en leur faisant un don structurel de 20 000 euros et en avançant 60 000 euros de leur part de coproduction pour l'édition 2018. Cette dernière s'est d'ailleurs bien passée et, malgré un léger déficit, on pouvait largement construire sur cette base pour la suite. On a donc été surpris d'apprendre l'annulation du festival et on se sent seuls aujourd'hui à gérer les questions du public, des artistes, des prestataires... »

Vers un nouveau festival ?

Mais ce n'est pas tout. D'après Jean-Pierre Godefroy, plusieurs éléments ont pu desservir le Grand Son tels que « la multiplicité de festivals portés non pas par des associations comme l'Éphémère mais par des organismes privés allouant d'importantes sommes d'argent », « l'augmentation des cachets des artistes » ou encore « la baisse de certaines subventions, comme par exemple la suppression de la réserve parlementaire depuis deux ans qui pouvait atteindre parfois 40 000 euros ». On peut également s'interroger sur le choix d'une programmation assez éclectique en comparaison des festivals qui émergent aujourd'hui et sont de plus en plus axés autour d'un type de musique en particulier.

À défaut de Grand Son cette année, la Commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse organisera, en partenariat avec divers acteurs locaux, trois journées musicales et festives du 18 au 20 juillet, dont la programmation sera prochainement dévoilée. Quant à l'avenir du festival sur le long terme, même s'il est encore un peu prématuré pour en parler, celui-ci pourrait bien être « prometteur » selon Jean-Pierre Godefroy. « L'Éphémère est morte mais le Grand Son n'a pas rendu son dernier souffle. Il y aura quelque chose l'an prochain sous une autre forme. Un temps de réflexion est prévu dès le mois de septembre pour travailler sur le nouveau projet de festival, mais c'est encore un peu tôt pour en dire plus pour le moment. » Affaire à suivre…


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