Mamma mia !


Quand le monde s'écroule, il ne reste plus qu'à retrouver «celles sans qui Freud ne serait rien : les mères». L'écriture de Santiago Carlos Ovès est ainsi : caustique, grinçante et souvent drôle. Son long-métrage multi-primé, "Conversations avec ma mère", est désormais une pièce de théâtre grâce à Didier Bezace qui, après avoir fait des lectures publiques du scénario, se met en scène. Il est Jaime, cet enfant de 55 ans bien installé dans la vie avant que la crise économique argentine de 2001 ne mette tout en péril : son beau costume, sa jolie voiture, sa grande maison, sa vie de famille avec femme, enfants et personnel. Jaime découvre le déclassement social en même temps qu'il retrouve sa mère. C'est en venant lui rendre visite pour reprendre possession de l'appartement qu'il lui prête qu'il prend enfin le temps de la connaître. Santiago Carlos Ovès tresse alors avec habilité une chronique tendre et mais aussi fort heureusement politique. Replié sur son petit confort, Jaime n'avait même pas su que, depuis deux ans, sa vieille mère avait retrouvé un compagnon, un «anarcho-retraité», comme il le qualifie avec mépris. Aux côtés de Didier Bezace, Isabelle Sadoyan, véritable figure historique du TNP, campe une octogénaire pleine de vitalité. "Conversations avec ma mère" est une preuve supplémentaire que le théâtre ramené à son essence (de très bons comédiens au service d'un excellent texte) suffit parfois à faire un impeccable spectacle.

Nadja Pobel

Conversations avec ma mère
Au Théâtre national Populaire, jusqu'au samedi 27 novembre.


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