Rencontre / Essayiste, romancier, biographe (de Cocteau et Chamfort), critique littéraire au "Point", Claude Arnaud a 13 ans en mai 1968, guère plus lorsqu'il s'engage dans la Gauche Prolétarienne, expérimente le LSD en rase campagne, erre dans le Paris électrique et bouillonnant des années 1970. «On ne reverra pas de sitôt une époque si excessive», écrit-il dans son dernier roman autobiographique, "Qu'as-tu fait de tes frères ?". Un témoignage fin, enlevé et vivant sur, tout ensemble, sa fratrie au destin tragique, une décennie où tout paraît encore possible, et l'édification complexe et sinueuse d'un «Je» pris dans les contradictions de sa bisexualité, de son refus ou de son acceptation de la réalité, de ses (fertiles) hésitations intellectuelles et idéologiques. On y croise Félix Guattari, Benny Levy, Roland Barthes, Hélène Cixous, Hervé Guibert, Michel Foucault et beaucoup d'autres «personnages», aventuriers, noctambules, amants, amis... Au début des années 1970, Claude Arnaud sait bien qu'il vaut mieux vivre à Paris qu'à Moscou ou Tirana, mais la démocratie lui apparaît aussi fade qu'un œuf sans sel. En quête d'une vision globale du monde, il rejette radicalement un système libéral qui réduit la vie à la nécessité de gagner son pain et de cohabiter sans heurt, donc d'exploiter ou d'être exploité. Il ne veut pas prendre sa place dans une société fondée sur l'injustice, la compétition et le refoulement. La famille même lui déplaît avec sa fonction mesquine de vivre sur soi, d'exclure de ses préoccupations affectives le monde extérieur. À cela, les contemporains de Claude Arnaud et l'auteur lui-même donneront différentes réponses. Quelles sont les nôtres aujourd'hui ?Jean-Emmanuel DenaveParcours d'une œuvre : Claude Arnaud en dialogue avec Cécile Guilbert
À la Villa Gillet, jeudi 25 novembre.
