Concerts / À l'approche de l'été, la programmation des salles de concert de la métropole commence à s'intensifier et s'étoffe de grands noms de la scène internationale. Si Eric Clapton, Chelsea Wolfe et Beth Gibbons rendront inoubliables les derniers jours du mois, la première quinzaine se révèle tout aussi inspirante. Des sombres sons du rap de Moji x Sboy, à l'impétuosité baroque du Concert de l'Hostel Dieu, en passant par la pop raffinée de Laetitia Sadier, avec en point d'orgue le détonnant post-punk d'Irnini Mons.
Moji x Sboy
Des ambiances vaporeuses où la noirceur et la rage disparaissent dans les eaux troubles de la mélancolie flegmatique d'un rap fascinant. Le duo liégeois est réticent à sortir des bangers incendiaires, optant plutôt pour un travail minutieux, peignant des miniatures nacrées, où l'opacité du flow se mêle aux atmosphères plugg rêveuses. Après Temps d'aime en 2021, porté par le tube Ma Go, et le touchant EP Elle pleure en hiver l'année d'après, Moji x Sboy ont récemment ont sorti le très réussi Automne, se confirmant comme une des plus belles propositions du rap francophone.
Au Transbordeur le jeudi 2 mai
Metamorphosis
Avec l'ambitieux programme de la création Metamorphosis, Franck-Emmanuel Comte et Le Concert de l'Hostel Dieu proposent un « concert augmenté » autour des concepts de transmission et d'interprétation. Si la tradition baroque va résonner dans les concertos de Bach et Vivaldi, la soirée s'articulera ensuite sur les gestes des compositeurs s'inspirant de ces grands maîtres, comme l'entraînant Estate de Vivaldi selon Karl Aage Rasmussen ou l'impérieux et mélancolique Concerto Grosso « Palladio » de Karl Jenkins, où l'évidente filiation avec le prêtre roux (Vivaldi) et Albinoni est complétée par la référence au plus raffiné des architectes de la Renaissance italienne. Afin d'amplifier ce lyrisme baroque, le vidéaste Christophe Waksmann projettera des planches animées issues de l'univers de Mœbius, métamorphosant le concert en spectacle total.
À l'Auditorium le mardi 7 mai
Laetitia Sadier & The source ensemble + Azurite sun
Sept ans après l'agréable (mais pas plus) Find me finding you, la chanteuse de Stereolab revient avec un nouvel album solo bien plus convaincant : Rooting for love est une collection de perles exemptes de défauts, d'instants d'une pop raffinée et mystérieuse. Mêlant des arômes jazz, quelques gouttes de trip-hop, un brin de funk, très peu de post-rock et une généreuse dose de rock progressif (aux accents de Canterbury), Lætitia Sadier a concocté un mets extrêmement raffiné enveloppé par un voile de nostalgie. Le dernier opus de la chanteuse, compositrice et musicienne originaire de Vincennes, est fait de l'étoffe dont sont faits les rêves, et dans cette atmosphère onirique sa voix se dresse comme une image à suivre, nouvelle Béatrice dantesque qui guide dans les béatitudes sonores.
Au Sonic le lundi 13 mai
Irnini Mons + Antenn.e
Prodigieuse rencontre entre Siouxsie and the Banshees, Big Black et un chant polyphonique aux saveurs moyenâgeuses, le quatuor lyonnais Irnini Mons semble avoir trouvé la recette secrète pour envoûter quiconque ait le bonheur d'entendre leur chant sirénien. Né sur les cendres du groupe punk Décibelles (en 2019 leur album Rock français avait été enregistré dans le mythique studio Electrical Audio de Steve Albini), ce nouveau projet semble avoir des beaux jours devant lui, cadencés par un post punk à la fois cru et raffiné. La release party de Une habitante touchée par une météorite s'annonce comme un rendez-vous à la fois festif, onirique et ludique.
Au Périscope le mercredi 15 mai
Eric Clapton
Non, Eric Clapton n'a pas besoin de sortir un nouvel album studio pour partir traverser des pays et des contrées. Également parce que cette année marque un anniversaire impressionnant, celui des soixante ans de carrière du guitariste qui a gravé à jamais son nom dans l'histoire du rock et du blues avec Yardbirds, Bluesbreakers et Cream, avant de se lancer dans une carrière solo aussi tourmentée qu'inégalable. Le musicien de Ripley n'avait pas encore vingt ans lorsqu'il se voit attribuer les deux célèbres surnoms qui l'accompagnent encore aujourd'hui : "Slowhand" et "God". Qui veut rencontrer Dieu connaît désormais le lieu et le jour de sa venue.
À l'Arena LDLC le mercredi 29 mai
Chelsea Wolfe + Kaelan Mikla
L'évolution du parcours de la chantreresse de l'obscurité semble sans cesse se renouveler et le récent She reaches out to she reaches out to she témoigne d'un tournant électronique et industriel assez surprenant. Le dernier album au titre circulaire est une collection de dix morceaux où les rythmes tribaux s'interpénètrent avec de la dark pop, le trip-hop acide et le digital hardcore, le tout immergé dans une atmosphère solennelle et gothique. S'affranchissant de l'héritage de Bauhaus et de le dark folk, avec ce nouvel opus la géniale musicienne californienne dirige les couches de guitare distordues et les synthétiseurs glaciaux vers une liturgie de catharsis noire, glorifiée par sa voix hypnotique éternellement voilée d'une brume opacifiante.
Au Transbordeur le mercredi 29 mai
Beth Gibbons
Beth Gibbons appartient à ces êtres rares et parfaits dont chaque geste et trace possèdent les caractères du sublime. Après avoir changé le cours de l'histoire de la musique avec Portishead grâce aux deux chefs-d'œuvre au milieu des années 90, en 2002 l'enchanteresse d'Exeter avait offert au monde le précieux et inattendu Out of season en duo avec Paul Webb, le guitariste de Talk Talk. Ce 17 mai s'achèvera enfin l'insoutenable attente pour son deuxième album solo, Lives outgrown, dont les deux premiers singles dépeignent une errance entre claustrophobie et apesanteur. Seulement onze villes ont été sélectionnées pour accueillir sa voix éternelle et sensible et Lyon a la chance d'en faire partie : la rareté de ses apparitions rend absolument incontournable cet évènement.
À la Bourse du travail le vendredi 31 mai