Festival / Du 9 au 11 mai, la Chapelle de la Trinité à Lyon se métamorphose en théâtre vivant et naturel accueillant baroque revisité et paysages sonores, pour célébrer l'anniversaire des concerts les plus populaires de Vivaldi : Les Quatre Saisons.
Parues pour la première fois en 1725 dans le recueil Il cimento dell'armonia e dell'inventione, Les Quatre Saisons n'ont cessé de traverser les siècles, familières et pourtant toujours mouvantes. Ces concerts nourrissent l'imaginaire collectif comme un mythe climatique et leur caractère inépuisable se manifeste non seulement dans les innombrables enregistrements, mais également dans les reprises et les variations qui traversent ces trois derniers siècles. Le compositeur danois Karl-Aage Rasmussen, avec sa relecture inspirée, ne cherche pas à moderniser Vivaldi mais à réveiller ce qu'il y a de latent dans ses rythmes, ses silences, ses élans. Sa version, ponctuée des mots du slameur Mehdi Krüger, sera portée pour la première fois en France par Le Concert de l'Hostel Dieu sous la direction de Franck-Emmanuel Comte, ce vendredi 9 mai. Une entrée en matière idéale, entre réinvention et éclats baroques, pour ce tout nouveau rendez-vous musical à La Trinité.
De l'eau, des cordes et du vent
Le lendemain matin, Camille Rhonat, philosophe à l'écoute du vivant, proposera une plongée dans la matière sonore du monde : baleines, oiseaux, silences, et voix humaines tisseront un paysage fragile à écouter plus qu'à comprendre. En fin d'après-midi, l'Ensemble Artifices fera jaillir un univers bucolique, dans lequel ruisseaux et tempêtes baroques s'entrelaceront à la lumière des grands maîtres français.
La soirée basculera ensuite dans une autre dimension avec Recomposed by Max Richter: Vivaldi – The Four Seasons, relecture minimaliste devenue désormais un classique en l'espace de quelques années, et dont la retranscription pour violon et piano sera interprétée par Elissa Cassini et François Mardirossian.
Une chapelle pleine d'ailes
Le dimanche s'ouvrira dans la douceur : une sieste musicale guidée par les disques de Dizonord nous entraînera aux confins du rêve, entre cris d'oiseaux et nappes électroniques. Plus tard, Clément Vercelletto métamorphosera la chapelle avec un instrument hybride, l'Engoulevent, petit "orgue-oiseau" peuplé d'appeaux, dont les souffles dessinent un monde animalier fantasmé.
Quand la musique s'élève dans les airs
Le festival s'achèvera en apesanteur. La Volière Magique, duo entre la harpiste Constance Luzzati et l'acrobate Anne-Claire Gonard, convoquera l'élan baroque et le vol poétique : un spectacle intimiste et délicat entrelaçant musique et geste, évoquant la grâce et la liberté des oiseaux en vol et s'adressant à notre imaginaire.
Le festival incarne ce geste artistique qui invite à l'écoute, autrement. Ni commémoratif, ni académique, Chapelle sauvage prête attention à l'éphémère, aux métamorphoses. Et à ce que Vivaldi, sans le savoir, murmurait déjà : chaque saison porte son mystère.
Chapelle sauvage, Festival de printemps
Du vendredi 9 au dimanche 11 mai à la Chapelle de la Trinité (Lyon 1er) ; de 12 à 60 €