Un Feu sur la langue

Rien que de très classique dans cette saison francophone. Du très bon, du bon, du moins bon, Kyo, et au milieu coule une rivière en Feu! Chatterton, inconcevable objet pop aux aspirations littéraires qui feront se gausser ou s'incliner. C'est à voir. Stéphane Duchêne


Oubliez les Sébastien Tellier (le 18 octobre au Transbo), Julien Doré (le 15 décembre au Radiant) et Stromae (le 1er novembre à la Halle) qui repassent une énième fois par ici ; zappez les vingt ans des Ogres de Barback et le retour de Kyo, tous deux au Radiant (les 6 et 27 novembre), repaire de morts-vivants. Omettez ces trois grands Bretons que sont Miossec, Daho, Tiersen (19 et 5 décembre au Transbo, 16 octobre à l'Epicerie) et Emilie Simon (7 novembre au Radiant, forcément). Bon si vous aimez tous ces artistes, ce qui pour la plupart d'entre-eux est bien légitime (cherchez néanmoins l'intrus), vous pouvez tout de même vous faire plaisir en allant les voir, on ne vit qu'une fois après tout, sauf Daho et Kyo. Mais rappelez vous une chose : la next big thing, celle dont tout le monde parle, comme disait l'Homme en noir (pas Cash, l'autre), l'attraction de la saison a pour nom Feu ! Chatterton. L'incendie est en marche.

 

Les tripes en vibrato

Le voilà en effet, le nouveau groupe français sur lequel tout le monde va pouvoir danser/s'extasier/s'agacer– oh ! Comme on va s'étriper sur leur cas. La nouvelle sensation pas comme les autres au nom multi-référencé et à la p(r)ose singulière. Quintette filant comme une comète, ouvrageant des textes façon Cercle des Poètes disparus (aux XVIIIe et XIXe siècles) derrière lesquels flottent guitares en rideaux, électro-pop en sauts et même quelque menu charango.

Bashung, Ferré, Brel, Reggiani, Négresses Vertes, Christophe, Manset, on pourra, en écoutant Feu! Chatterton jouer au bingo des grands auteurs, au loto des interprètes affectés, apposant circonflexe sur la moindre voyelle. Etranges et fascinants, ils sont pourtant pleins de fulgurances qu'on déteste. Ou adore, si l'on aime l'inconfort. Le dernier avatar à voir d'une chanson rock française qui des Limiñanas à Mustang en passant par les Superets (au Sonic le 3 octobre) se monte la langue en sautoir.

Sauf que la leur descend dans les tripes et remonte en vibrato. Qu'avec, loin de s'en tenir au doux cocon indé, ils refont le décor d'une variété française que les générations Goldman et autres Bande à Renaud contemporainess aux petits pieds ont complètement salopé. Pendant qu'au même moment, Jean-Louis Aubert catapulte Houellebecq dans Les Parages du vide (à la Salle 3000 le 26 novembre). Un dernier mot de poésie, tiens : Modiano au Kao. Marie, fille de Patrick et épouse de Von Poehl, poétesse et chanteuse à la langue vintage, anglaise ou française, et toujours bien ourlée, qu'en ce 17 octobre, on ne saurait manquer.


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