Festival du Péristyle : festival souterrain, musiques à tous les étages

Pour sa dernière danse estivale, et au vu des conditions sanitaires, le directeur de l'Amphi et du Péristyle de l'Opéra a concoté une formule pour le moins originale du traditionnel Festival du Péristyle pour lequel l'Opéra Underground n'aura sans doute jamais aussi bien porté son nom.


En matière d'événements culturels on aura vu naître, dans les germes de la Covid-19 et de la distanciation sociale, toute une gamme de festival virtuels, limités, diminués et même de non festivals, comme autant de manière d'enfourcher le tigre de l'imagination et du système D. Le Festival du Péristyle, dont la vocation a été jusqu'ici de nous faire voyager en musiques tout autour du monde au pied de l'Opéra de Lyon, n'échappe pas au phénomène. Et nous offre, lui, une édition "souterraine" pour rompre le silence comme en loucedé.

Où l'on nous promet un monde "mi-physique, mi-virtuel". Soit sans scène extérieure mais avec des musiciens jouant malgré tout en live pile sous nos pieds. L'idée : des concerts, donc, donnés dans l'amphithéâtre qui accueille la majorité des concerts de l'Opéra Underground l'année durant. Sauf que ces concerts se joueront sans public. Ou presque. Car ledit public sera un étage au-dessus et en plein air, sur le Péristyle, là-même où seront diffusés ces concerts en son, en images et en livestream sur des plateformes numériques. On peut en quelque sorte parler de duplex mais aux deux sens du terme.

Autant de concerts programmés en association avec nombre d'acteurs lyonnais tels que le Marché Gare, la Clef de Voûte, le Black Atlantic Club, le Hot Club, Nouveaux Espaces Latinos, le Périscope, Radio Nova, Radio Salam, Sofa Records, Traces, le CMTRA et le CNSMD. Depuis le 13 juillet, les lundi, mardi, jeudi et vendredi de 19h à 21h, pas moins de quatre concerts hebdomadaires sont proposés par deux artistes différents, agrémentés d'un DJ set chaque samedi et, chaque mercredi, d'une rediffusion d'un concert de la semaine.

Afrique de l'Ouest irlandaise

Côté musiques traditionnelles revisitées, la deuxième semaine célèbrera le folklore du cœur de l'Argentine arpentée d'est en ouest et du nord au sud par Criollando, chacanera, chamamé, zamba (20 et 21 juillet). Mais aussi du côté de l'Algérie et de son châabi passé au filtre de l'immigration lyonnaise et par tout un tas de croisements populaires par le quatuor Nouiba (23 et 24 juillet).

Si vous vous demandez quel rapport il peut y avoir entre l'Ouest africain et l'Irlande, la question sera vite répondue, comme disait le poète, par Mafila Ko qui mélange allègrement kora et uilleann pipes, ces flûtes traditionnelles irlandaises (27 et 28 juillet). Le voyage suivant (30 et 31 juillet) se fera entre Lyon et le Brésil avec le quartet de jazz Rio-Lyon Quartet mené par Olivier Truchot et avec le bassiste brésilien Marcel Bottaro.

Arrêt à Lyon ensuite et plus largement dans l'univers singulier de la pop-philosophe, chanteuse et, ici, femme-orchestre Agnès Gayraud aka La Féline (3 et 4 août) mais pour mieux repartir ensuite vers la soul sicilienne, empreinte d'ambiance arabisante, d'un Crimi fomenté en toute neutralisé par Julien Lesuisse de Mazalda (6 et 7 août).

La Suède aux balkans

Viendra la semaine suivante, une élévation vers les folies intergalactiques à la limite du quantique de Direction Survet '10 et 11 août) avant une embardée du côté du jazz manouche du Sébastien Félix Quartet (13 et 14 août)

Les lundi 17 et mardi 18 août, ce sera jazz à tous les étages avec le Joel Forrester Trio venu tout droit de New York et disciple de Thelonious Monk. Puis l'on poursuivra la semaine avec un peu d'étrangeté : le Trio Nysno et sa musique pour euphone, genre d'orgue de verre que les mots ne suffiraient pas à décrire — et encore moins la manière dont sonne cet étrange instrument manié par Frédéric Bousquet entre musique sacrée et expression contemporaine (20 et 21 août).

Dans la série mariage mixte, après l'Afrique et l'Irlande, Lyon et Rio, voici les noces des Balkans et de la Suède avec Merline où le folklore bulgare danse au son de la nyckelharpa, déclinaison scandinave, venue du Uppland, de la notre bonne vieille vielle (24 et 25 août). Plus classique, encore que, le trio du pianiste Stéphane Vicenza — également fondateur de la Clef de Voûte, étalera son groove du swing au be-bop (27 et 28 août).

Sets et K7

L'été s'achèvera finalement avec d'abord, les 31 août et 1er septembre, le Quatuor Wassily, formation soutenue de longue date par l'Opéra de Lyon et s'inscrivant dans la lignée de ces quartets dit classiques qui ont su décloisonner leur emploi (Kronos Quartet, Quatuor Arditti...)  puis avec un dernier voyage immobile, les 3 et 4 septembre, cette fois vers le Nordeste brésilien et le forro bien particulier de Forro de Rebeca.

Pour ce qui est des DJ sets du samedi (19h-22h), inutile de préciser qu'ils reflèteront l'éclectisme de la programmation live, à par le panafricanisme tous azimuts des sets du selector James Stewart qui ambiancera plusieurs samedis de l'été (18 juillet, 1er août et 29 août). On retrouvera également une soirée Sofa Records (25 juillet) ; les trésors transfrontières dénichés par les diggers Doka (8 août) et Florence Mambo Chick (15 août) et, immanquable, le 22 août; le set Maghreb Tapes Club mené par Flavien Taulelle en écho aux compilations Musiques du Maghreb à Lyon 72-98 (CMTRA) et Maghreb K7 Club, Synth raï, Chaoui et Staifi : 1985-1997 (Sofa Records / Bongo Joe) que nous évoquions il y a peu dans nos pages.

Un été à la fois dans le monde et à (petite) distance, qui sera aussi le dernier baroud d'honneur d'Olivier Conan, directeur de l'Amphi et du Péristyle de l'Opéra qui va désormais œuvrer en freelance, entre New York et la France.

Le Festival du Péristyle 
Au Péristyle de l'Opéra du 13 juillet au 4 septembre


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Cinq expos à voir cet été à Lyon