Mangamania

Ils font mentir la vieille rengaine selon laquelle « les jeunes ne lisent plus », et s'écoulent aujourd'hui par dizaines de millions. Zoom sur le phénomène mangas, dont on trouvera une résonnance sur la Fête du Livre de Saint-Etienne, pour la première fois cette année.


Avec 47 millions de mangas vendus sur le territoire en 2021, la France représente aujourd'hui le deuxième marché au monde derrière le Japon… Et ces chiffres déjà fous ne cessent de continuer à grimper : les ventes ont en effet enregistré un bond de 168% sur les 6 premiers mois de l'année 2022 par rapport à la précédente. En outre, puisque l'on parle de chiffres, le manga représente aujourd'hui 55% des ventes globales de BD et, surtout… le produit culturel le plus acheté via le pass Culture, dont l'accès a été généralisé aux 15-18 ans en janvier dernier. Une bonne nouvelle pour les libraires, qui voient aujourd'hui dans leurs échoppes des jeunes frimousses qu'ils ne voyaient pas forcément auparavant.

Mais alors, comment expliquer ce succès ? Arrivés dans l'Hexagone par le petit écran dans le courant des années 90 (coucou le Club Dorothée), le manga n'a en effet pas toujours eu sa place au chaud sous les néons des librairies - y compris généralistes. Ces dernières années pourtant, le format feuilleton qui se dévore et fait naître l'impatience de pouvoir lire l'épisode suivant, les scénarii ficelés, et surtout, la multiplicité des univers représentés sont finalement parvenus à faire oublier l'image négative longtemps associée au genre…  Quoi que tout ne soit pas encore réglé : difficile, en effet, de lever certaines appréhensions quant aux images de violence, ou de jeunes filles dévêtues parfois contenues dans le manga.

Valeurs fédératrices

Or, force est de constater que l'essentiel n'est finalement que peu souvent à cet endroit. Car, derrière des dessins parfois suggestifs, l'immense majorité des mangas défend en réalité des valeurs positives dans lesquelles les jeunes gens se retrouvent (dépassement de soi, amitié, respect des autres, solidarité…) La preuve avec One Piece, manga le plus vendu en France dont le héros Luffy, est attachant, fédérateur, courageux ; dont les autres personnages sont suffisamment nombreux et divers pour permettre à tout le monde de s'identifier (la navigatrice, le mécanicien, le cuisinier, le médecin, la femme archéologue, le charpentier…) ; et dont le scenario conduit toute cette petite bande de pirates sur les traces d'un trésor, en même temps qu'il amène le lecteur à faire bosser son imaginaire.

Reste qu'il existe aujourd'hui tant de mangas et de genres différents (dramatique, historique, fantasy, aventure, super-héros, policier, horreur, romantique, philosophique, et même culinaire !) qu'il est souvent bienvenu de se faire guider dans ses choix. La bonne nouvelle Numéro Un, c'est qu'à Saint-Étienne, plusieurs boutiques et librairies telles que Kameha Shop, Des Bulles et des Hommes, Paris Tokyo ou encore Shop for Geek proposent le meilleur de ce qui se fait, pour les passionnés comme pour les débutants. Et la bonne nouvelle Numéro Deux, c'est que cette année, la Fête du Livre fait pour la première fois une vraie place au manga. Au programme : des dédicaces de Hachin, Eruthoth, Anne & Minh et Michaël Sanlaville ; un Mot en Scène spécial manga ; une chasse au trésor au départ de la librairie Paris-Tokyo, et une soirée jeux-vidéos mangas. Un, deux, trois… Foncez !

Fête du Livre de Saint-Étienne, du 14 au 16 octobre en centre-ville. Programme détaillé sur www.fetedulivre.saint-etienne.fr.


Pour découvrir l'interview de Axelle Redon, commissaire de la Fête du Livre, rendez-vous sur notre site


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