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Lyon Whisky Festival 2024

Whisky Japonais - Cent ans et tous ses "dan"

Le onze de départ

Retenez bien ce nombre : c’est celui par lequel tout a débuté. Le 11/11/1924 à 11h11, l’histoire du whisky japonais a commencé à s’écouler. Tout – ou presque – est parti des alambics de la distillerie Yamazaki, située dans la ville de Shimamoto, dont la construction avait débuté en octobre 1923. Cette date fait autorité comme marquant le début de l’histoire du whisky japonais, qui fête donc son centenaire, à grands renforts d’éditions limitées. En un siècle à peine, le Japon s’est hissé dans le top 5 des pays producteurs de whisky. Mais qu’a-t-il bien pu se passer entretemps ?

À cause des garçons

Comme souvent, tout part d’un projet un peu fou, issu des cerveaux de géniaux ingénieurs et de pensifs penseurs. Shinjiro Torii et Masataka Taketsuru : deux jeunes garçons qui se disputent à titre posthume la paternité du whisky japonais. En réalité, leurs destins sont intimement liés malgré une certaine forme de rivalité chevaleresque, et tous deux ont contribué à son avènement.

C’est depuis sa boutique d’Osaka, Torii Shoten, fondée en 1899, que Shinjiro Torii, alors âgé de vingt ans seulement, se prend à rêver de grands desseins pour le pays du saké. En 1907, il lance sur le marché l’Akadama Port Wine, un vin muté adapté aux délicats palais nippons. Un succès commercial – et publicitaire, moyennant l’aide de quelques geishas – qui le convainc rapidement d’aller plus loin, et lui en donne les moyens.

Bien décidé à créer le premier whisky japonais, il se met en quête de l’endroit idéal. Torii jette son dévolu sur l’emplacement actuel de Yamazaki pour son histoire riche, son relief vallonné, son taux d’humidité et la qualité de son eau. Pour mener à bien son projet, il s’adjoint les services de Masataka Taketsuru, fraîchement débarqué d’Écosse, une certaine Rita au bras. Nous sommes au début des années 1920, qui s’annoncent rugissantes aussi au pays du soleil levant.

Taketsuru quant à lui, s’en revient d’un voyage d’études entamé en 1918. Issu d’une famille de brasseurs de saké, il se passionne lui aussi pour cet alcool tout occidental qu’est le whisky. Mandaté par la société Settsu Shuzo, il étudie la chimie organique et se frotte à la distillation. Il apprend des meilleurs, avec notamment un passage chez Longmorn, distillerie un peu éclipsée aujourd’hui, dont les jus surpassent pourtant en hauteur tous les Fuji du monde. Revenu au Japon en 1920, il travaille pour Shinjiro Torii à la construction de la distillerie Yamazaki, achevée en 1924.

Bon anniversaire. La collaboration s’arrête au bout de dix ans, et Masataka Taketsuru poursuit son rêve à son tour. Il fonde la société Nikka (à l’époque Dai Nippon Kaju), initialement spécialisée dans le jus de pomme – comme quoi, parfois, « y a d’la pomme » –, et la distillerie Yoichi sur son emplacement idéal à lui, sur l’île d’Hokkaido. Un lieu époustouflant aux conditions étrangement similaires à celles de l’Écosse, en résonnance avec son lieu d’apprentissage. La distillerie est achevée en 1934, et le premier whisky japonais tourbé, à l’Écossaise donc, coule des alambics en 1936.

For relaxing times

La suite, on la connait. Pour Suntory : Shirofuda (1929), Kakubin (1937), Chita (1972), Hakushu (1973) et bien sûr Hibiki (1989), lancé pour le 90eme anniversaire du groupe, le whisky devenu star entre les mains de Bill Murray et de Keanu Reeves, Sofia Coppola à la baguette. Pour Nikka : Nikka Whisky (1940), Super Nikka (commercialisé en l’honneur de Rita, décédée, en 1961), Miyagikyo (1969), l’incontournable Nikka From The Barrel (1985), Yoichi (1989) puis plus tardivement Coffey Malt et Coffey Grain (2014) … Et puis, d’autres sont venus : Hanyu, Karuizawa, Chichibu…

Autant de noms qui sont rentrés dans la légende du whisky et le cœur des amateurs. Alors oui, bien sûr, maintenant il y a les prix (élevés), les âges (bas), la démesure et un snobisme un peu pénible. Parti avec les meilleures intentions du monde, le whisky japonais, comme toute révolution, a dévoré ses enfants. Mais avec pas moins de 35 distilleries désormais en activité dans le pays, un vent d’innovation et de renouveau semble souffler sur le Japon. Et puis, allez ! L’histoire est tellement belle… C’est celle qui vous est contée dans la bande dessinée Whisky San. Pour embarquer, tournez la page !

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