« Le brassage, c'est aussi mixer food, bières et musiques »

Pour ses vingt ans, le Ninkasi s'est offert un lifting : rendez-vous le 16 octobre pour un lieu multiple repensé autour d'une programmation toujours plus éclectique où se croiseront jusqu'en décembre Arrested Development, The Stranglers ou encore Tété. On en parle avec Christophe Moulin, le programmateur.


Quel retour feriez-vous de votre première année de programmateur du Ninkasi ? 

Christophe Moulin : Il y a un an, nous avons commencé les travaux, dont nous ne récoltons pas encore les fruits. C'était une année de transition, mais aussi de complication pour le public, pour les artistes - les backstages étant en travaux. On s'en excuse encore ! C'était une année d'expérimentation, sans pouvoir aller au bout du geste. Ça va vraiment démarrer le 16 octobre : là on va commencer à dérouler la machine telle qu'on l'a réfléchie il y a deux ans. 

Je garde de très bons souvenirs comme The Game, ou encore la Ninkasi Urban Week où l'on a pu investir l'espace urbain, notre travail sur le Mur7 avec Birdy Kids. C'est ma touche personnelle, cette porosité entre la salle et le quartier. J'ai du mal à rester en place ! C'est normal que les habitants n'entrent pas obligatoirement dans une salle de concerts qui reste un cube fermé. Mais le concert doit sortir à l'extérieur, lui. 

C'était aussi l'année du retour au Kao, après une longue absence, de la techno qui tape, un peu extrême. C'est un style que je revendique pleinement car il m'a vu naître : fin 80's, quand j'allais dans les raves, on commençait avec Jérôme Pacman, puis ça jouait techno et on finissait hardcore avec Manu le Malin ou Laurent Hô : il n'y avait pas de chapelles. 
Le Ninkasi étant un lieu de brassage et un terrain de jeu tellement génial, on ne s'interdit rien. Et on peut proposer tous les jours des concerts gratuits, c'est unique et ça permet de lutter contre l'institutionnalisation du lieu. Ici, c'est ouvert tout le temps : on peut finir une soirée techno à 7h et ouvrir à 8h pour un vide-dressing... 

Qu'est-ce que le public va trouver de nouveau ?

Quasi tout aura été refait, retouché ou agrandi. À part l'intérieur de la salle du Kao que nous ne pouvions pas toucher. Le fonctionnement va être complètement différent. On a voulu reconstituer un tout cohérent et unifier. Que ce soit un projet lisible et ça va se manifester par une seule entrée, via l'esplanade, où sera désormais la billetterie. Certains croyaient que le Kao et le Ninkasi étaient deux projets différents, on veut changer ça. Dans la première salle, tous les jours il y aura un concert gratuit. Puis, il y aura le Kao, pour ceux qui ont un billet. Et entre les deux, un espace nommé le Club où les gens pourront boire un verre.

Côté programmation : le lundi, on reste salsa. Le mardi, on garde les groupes locaux. Le mercredi, les coups de cœur du programmateur, sur de l'émergence nationale, comme Malo'. Le week-end, des DJs résidents. Le jeudi, des formules apéritives bien travaillées telle une "programmation culinaire" avec des produits régionaux et des créations exclusives pour le Ninkasi, comme le saucisson à la bière noire que l'on a sorti. 80% des produits à la carte sont régionaux, on veut arriver à 100%. Le brassage, c'est aussi mixer food, bières et musiques.

Et au Kao le week-end, du clubbing, souvent avec des collectifs locaux et très axé bass music, très anglais. Et des concerts en début de soirée. 

Et pour fêter les vingt ans ?

On a conçu la programmation avec un temps fort entre le 16 octobre et le 10 novembre. Et d'autres concerts jusqu'à la fin de l'année. Le mardi 17 octobre, c'était symbolique et très important que les premiers artistes à fouler la nouvelle scène du café soient locaux. J'ai toujours voué un culte à Jarring Effects, qui a vraiment marqué la scène lyonnaise. High Tone est le groupe que j'ai le plus programmé à Caen. Il y aura donc une carte blanche à Jarring avec Filastine, Eustache McQueer... Le mercredi 18, Tété et Carmen Maria Vega : ils vont profiter de l'occasion pour faire des morceaux ensemble. Le 21, c'est le booker Wart qui amène Madben, Acid Arab, Cléa Vincent et Salut c'est Cool. En une semaine, on regroupe ainsi presque toute les musiques : c'est ça, le Ninkasi.


Pour fêter ses vingt ans de brassage, tout court mais aussi culturel et surtout musical, le Ninkasi a, sans doute par déformation professionnelle, mis les petits plats dans les grands s'agissant des concerts qui vont parsemer cet automne anniversaire. La liste étant longue comme le bras (plus d'une vingtaine de dates), il convient ici d'en tirer la substantifique moelle.

Parmi les grosses pointures, on retiendra la venue d'Arrested Development qui fête personnellement ses 25 ans, l'allumette suédoise Jay-Jay Johanson, les inextinguibles quoi que pas mal remaniés Stranglers, le Klub des Loosers, ainsi que des amis de la maison comme Carmen Maria Vega,  Jim Murple Memorial, les Fatal Picards et Jarring Effects, pour une carte blanche. À chacun ensuite de composer son burger musical.  


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