Cart'1 : « Un art sans leader, spontané, protéiforme »
Le feeling du directeur artistique le Mardi 29 août 2017 | par Jean-Emmanuel Denave
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Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Lyon
Souriant, grand, svelte, jean et tee-shirt gris chiné assorti à sa barbe et perles en bois au poignet. Il s’est cassé la main, il n’en parle pas tout de suite, mais finira par lâcher qu’il bout intérieurement à cause de ce chômage technique. Un artiste lyonnais a priori lambda. Si ce n’est cette précision de son collègue et ami d’enfance Cart’1 :
Il faut savoir que Pec est l’un des plus anciens graffeurs lyonnais. C’est la deuxième génération, mais c’est l’un des plus anciens aujourd’hui. Et c’est celui, personne ne dira le contraire, qui a le plus défoncé le périph’ à Lyon. Les gens le respectent pour ça. »
On ne sait pas trop pourquoi, on avait imaginé un mec aussi bariolé et insouciant que ses peintures. S’il y a une chose qui définit son œuvre, c’est bien la couleur. Un univers enfantin, rond, joyeux et coloré. « On venait de banlieue, d’un univers gris, et on avait juste envie de foutre de la couleur sur ces putains de murs gris » poursuit Cart’1.
Pas de revendication politique, chose que Pec revendique : « Je pars du principe que tu es suffisamment matraqué avec toutes les pubs, tous les slogans, tout ce que tu peux croiser sans t’en rendre compte et qui finalement pourrit ton quotidien visuel. Je mets une tâche de couleur, elle intervient sur la personne, ça lui donne le sourire, j’ai fait mon job » explique-t-il modestement, en assumant complètement ses influences : « J’ai toujours été ancré BD et tout ce qui est enfantin. J’aime bien, c’est lisse, c’est doux, c’est propre, il y a des courbes, c’est pas agressif, ça me correspond. Je peux regarder toute la journée des Walt Disney, ça ne me dérange pas. Je vais rigoler comme mes gamins. »
Le feeling du directeur artistique le Mardi 29 août 2017 | par Jean-Emmanuel Denave
Paradoxalement, l’un de ses premiers boulots était égoutier. Un univers dans lequel on a du mal à l’imaginer. « J’avais choisi ce métier parce qu’il me laissait le temps de faire ce que je voulais à côté. Au final, quand je sortais j’avais encore plus d’énergie pour mettre de la couleur partout. Ça a joué même si j’ai toujours aimé la couleur, c’est mon côté joyeux. Je suis quelqu’un de très positif, j’aime quand ça avance, j’aime pas regarder en arrière, donc forcément ça se traduit dans mes peintures. » C'était pas déprimant comme boulot ? « Si si. Mais quelque part ça m’a boosté sur mes créations. Surtout à l’époque ça me permettait de manger et d’acheter des bombes. »
Un homme de l’ombre au sens propre comme au figuré. Cet autodidacte chérit ses moments de solitude sur l’autoroute la nuit et n’a pas signé ses œuvres pendant longtemps. « Je n’ai jamais cherché à être quelqu’un de reconnu ou à gagner ma vie avec ça, je l'ai toujours fait pour le plaisir. Aujourd’hui, j’en vis. Au bout d’un moment tu as des commandes de toiles, de murs à faire et quand tu as un autre métier à côté, physiquement tu ne tiens plus. Il faut faire un choix délicat. J’étais déjà père de famille, c’était compliqué. J’ai quand même fait le saut et je ne le regrette pas. C’est pas tous les jours la fête, mais comment se plaindre ? Bon là, je me suis cassé la main… Mais c’est génial, je fais ce que j’aime, je mets de la couleur partout où j’ai envie d’en mettre ! »
Trublyon street art festival le Mardi 29 août 2017 | par Corentin Fraisse
Ils continuent pour le moment d’exploiter mes œuvres sans mon autorisation.
Birdy Kids : c’est sa carte de visite empoisonnée. Il crée la marque en 2010 avec deux associés, un sérigraphe et un commercial, avec l’idée de créer des tee-shirts, des stickers, développer du merchandising autour de ses personnages à plumes. Mais l’affaire prend une tournure qui ne lui plaît pas. « C’était devenu uniquement lucratif, ce qui n’est pas du tout mon leitmotiv. Vendre des œuvres en impression numérique à 300 euros, je trouve ça proprement scandaleux. Mettre des œuvres à Ikea, j’en parle même pas... Je me suis posé la question de me battre pour récupérer Birdy Kids et continuer sous ce nom là, ou leur laisser et partir suivre mon propre chemin comme je l’avais fait pendant des années. Très vite, je me suis rendu compte que ça ne valait pas le coup de se battre pour une marque qui ne me représentait pas. Ils continuent pour le moment d’exploiter mes œuvres sans mon autorisation. »
Il ne peint plus d’oiseaux, sauf quand on lui demande, et s’éclate à recréer un univers, à peindre avec d’autres artistes (notamment Jakè), à voyager, participer à des festivals… Quand on le questionne sur ses inspirations, il repense à ses débuts « Quand j’ai commencé j’ai surtout été influencé par les Suisses. Ils arrivaient à sortir des trucs microscopiques, avec beaucoup de détails et des traits hyper fins. Sachant qu’une bombe ça fait 2cm, 2cm et demi, ils sortaient des traits de 2mm ! J’étais choqué. Du coup je me suis mis à faire plein de personnages à la Star Wars, Alien, bon ça ressemblait un peu à rien. J’ai toujours préféré les personnages... et j’étais dans un collectif où tout le monde faisait des lettrages. Puis s’est posée la question de peindre en grand et en illégal : faire des trucs tout petits dans le noir c’est compliqué, et quand tes potes balancent des trucs énormes et toi des trucs minuscules qui passent inaperçus, tu changes de technique. J’en suis venu à faire des grosses couleurs à plat, des traits plus épais, à changer complètement la forme de mes personnages. »
Des modèles, des idoles, il n’en cite pas. Préfèrant se focaliser sur la personne que sur l’œuvre, avec une éthique qu’on aimerait rencontrer plus souvent : « parce qu’ils peuvent faire des trucs super, si c’est des connards ça ne m’intéresse pas.
Pec est l’objet d’une légende urbaine, selon laquelle il aurait reçu une autorisation écrite de la Ville de Lyon pour peindre sur le périph’. Cart’1 nous raconte l’histoire du coup de fil du Grand Lyon sur son portable (« - on aime bien ce que vous faites » ; « - où est-ce qu’ils ont trouvé mon numéro ? »). Pec démonte tout : « Mais bien sûr ! C’est une fable. Je n’ai absolument pas d’autorisation. J’ai la chance qu’ils n’effacent pas mes œuvres, mais je n’ai rien demandé. Un jour, j’ai été contacté par la SNCF et j’ai travaillé pour eux parce qu’ils aimaient bien ce que j’avais fait en vandale sur leur réseau ! La Ville de Lyon, c’est le même retour. Mais sur le périph’ je me fais arrêter comme les autres et je prends les mêmes amendes que les autres. C’est un système complètement fou. En même temps, je fais quelque chose d’illégal donc s’il y a des sanctions, c’est normal. Quand tu fais du graffiti, tu sais ce que tu risques. Je n’ai pas d’autorisation. Je n’ai pas de papier. Si même Cart’1 le croit, ça va être compliqué (rires) ! »
Souriant, grand, svelte, jean et tee-shirt gris chiné assorti à sa barbe et perles en bois au poignet. Il s’est cassé la main, il n’en parle pas tout de suite, mais finira par lâcher qu’il bout intérieurement à cause de ce chômage technique. Un artiste lyonnais a priori lambda. Si ce n’est cette précision de son collègue et ami d’enfance Cart’1 :
Il faut savoir que Pec est l’un des plus anciens graffeurs lyonnais. C’est la deuxième génération, mais c’est l’un des plus anciens aujourd’hui. Et c’est celui, personne ne dira le contraire, qui a le plus défoncé le périph’ à Lyon. Les gens le respectent pour ça. »
On ne sait pas trop pourquoi, on avait imaginé un mec aussi bariolé et insouciant que ses peintures. S’il y a une chose qui définit son œuvre, c’est bien la couleur. Un univers enfantin, rond, joyeux et coloré. « On venait de banlieue, d’un univers gris, et on avait juste envie de foutre de la couleur sur ces putains de murs gris » poursuit Cart’1.
Pas de revendication politique, chose que Pec revendique : « Je pars du principe que tu es suffisamment matraqué avec toutes les pubs, tous les slogans, tout ce que tu peux croiser sans t’en rendre compte et qui finalement pourrit ton quotidien visuel. Je mets une tâche de couleur, elle intervient sur la personne, ça lui donne le sourire, j’ai fait mon job » explique-t-il modestement, en assumant complètement ses influences : « J’ai toujours été ancré BD et tout ce qui est enfantin. J’aime bien, c’est lisse, c’est doux, c’est propre, il y a des courbes, c’est pas agressif, ça me correspond. Je peux regarder toute la journée des Walt Disney, ça ne me dérange pas. Je vais rigoler comme mes gamins. »
Le feeling du directeur artistique le Mardi 29 août 2017 | par Jean-Emmanuel Denave
Paradoxalement, l’un de ses premiers boulots était égoutier. Un univers dans lequel on a du mal à l’imaginer. « J’avais choisi ce métier parce qu’il me laissait le temps de faire ce que je voulais à côté. Au final, quand je sortais j’avais encore plus d’énergie pour mettre de la couleur partout. Ça a joué même si j’ai toujours aimé la couleur, c’est mon côté joyeux. Je suis quelqu’un de très positif, j’aime quand ça avance, j’aime pas regarder en arrière, donc forcément ça se traduit dans mes peintures. » C'était pas déprimant comme boulot ? « Si si. Mais quelque part ça m’a boosté sur mes créations. Surtout à l’époque ça me permettait de manger et d’acheter des bombes. »
Un homme de l’ombre au sens propre comme au figuré. Cet autodidacte chérit ses moments de solitude sur l’autoroute la nuit et n’a pas signé ses œuvres pendant longtemps. « Je n’ai jamais cherché à être quelqu’un de reconnu ou à gagner ma vie avec ça, je l'ai toujours fait pour le plaisir. Aujourd’hui, j’en vis. Au bout d’un moment tu as des commandes de toiles, de murs à faire et quand tu as un autre métier à côté, physiquement tu ne tiens plus. Il faut faire un choix délicat. J’étais déjà père de famille, c’était compliqué. J’ai quand même fait le saut et je ne le regrette pas. C’est pas tous les jours la fête, mais comment se plaindre ? Bon là, je me suis cassé la main… Mais c’est génial, je fais ce que j’aime, je mets de la couleur partout où j’ai envie d’en mettre ! »
Trublyon street art festival le Mardi 29 août 2017 | par Corentin Fraisse
Ils continuent pour le moment d’exploiter mes œuvres sans mon autorisation.
Birdy Kids : c’est sa carte de visite empoisonnée. Il crée la marque en 2010 avec deux associés, un sérigraphe et un commercial, avec l’idée de créer des tee-shirts, des stickers, développer du merchandising autour de ses personnages à plumes. Mais l’affaire prend une tournure qui ne lui plaît pas. « C’était devenu uniquement lucratif, ce qui n’est pas du tout mon leitmotiv. Vendre des œuvres en impression numérique à 300 euros, je trouve ça proprement scandaleux. Mettre des œuvres à Ikea, j’en parle même pas... Je me suis posé la question de me battre pour récupérer Birdy Kids et continuer sous ce nom là, ou leur laisser et partir suivre mon propre chemin comme je l’avais fait pendant des années. Très vite, je me suis rendu compte que ça ne valait pas le coup de se battre pour une marque qui ne me représentait pas. Ils continuent pour le moment d’exploiter mes œuvres sans mon autorisation. »
Il ne peint plus d’oiseaux, sauf quand on lui demande, et s’éclate à recréer un univers, à peindre avec d’autres artistes (notamment Jakè), à voyager, participer à des festivals… Quand on le questionne sur ses inspirations, il repense à ses débuts « Quand j’ai commencé j’ai surtout été influencé par les Suisses. Ils arrivaient à sortir des trucs microscopiques, avec beaucoup de détails et des traits hyper fins. Sachant qu’une bombe ça fait 2cm, 2cm et demi, ils sortaient des traits de 2mm ! J’étais choqué. Du coup je me suis mis à faire plein de personnages à la Star Wars, Alien, bon ça ressemblait un peu à rien. J’ai toujours préféré les personnages... et j’étais dans un collectif où tout le monde faisait des lettrages. Puis s’est posée la question de peindre en grand et en illégal : faire des trucs tout petits dans le noir c’est compliqué, et quand tes potes balancent des trucs énormes et toi des trucs minuscules qui passent inaperçus, tu changes de technique. J’en suis venu à faire des grosses couleurs à plat, des traits plus épais, à changer complètement la forme de mes personnages. »
Des modèles, des idoles, il n’en cite pas. Préfèrant se focaliser sur la personne que sur l’œuvre, avec une éthique qu’on aimerait rencontrer plus souvent : « parce qu’ils peuvent faire des trucs super, si c’est des connards ça ne m’intéresse pas.
Pec est l’objet d’une légende urbaine, selon laquelle il aurait reçu une autorisation écrite de la Ville de Lyon pour peindre sur le périph’. Cart’1 nous raconte l’histoire du coup de fil du Grand Lyon sur son portable (« - on aime bien ce que vous faites » ; « - où est-ce qu’ils ont trouvé mon numéro ? »). Pec démonte tout : « Mais bien sûr ! C’est une fable. Je n’ai absolument pas d’autorisation. J’ai la chance qu’ils n’effacent pas mes œuvres, mais je n’ai rien demandé. Un jour, j’ai été contacté par la SNCF et j’ai travaillé pour eux parce qu’ils aimaient bien ce que j’avais fait en vandale sur leur réseau ! La Ville de Lyon, c’est le même retour. Mais sur le périph’ je me fais arrêter comme les autres et je prends les mêmes amendes que les autres. C’est un système complètement fou. En même temps, je fais quelque chose d’illégal donc s’il y a des sanctions, c’est normal. Quand tu fais du graffiti, tu sais ce que tu risques. Je n’ai pas d’autorisation. Je n’ai pas de papier. Si même Cart’1 le croit, ça va être compliqué (rires) ! »
Crédit Photo : © Anne Bouillot
Festival de street art Collège Maurice Scève 8 rue Louis Thévenet Lyon 4e
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
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