L'amour est partout à Lyon : petit guide pour pratiquer l'amour sous toutes ses formes

Alors que s'approche la Saint-Valentin et son lot de représentations roses et duveteuses, le Petit Bulletin explore pour vous la notion d'amour, qui — n'en déplaise aux aficionados des traditions capitalistes —, évoque bien d'autres concepts qu'une soirée aux chandelles, des chocolats, des roses, et de la lingerie en dentelle. Petit guide pour revisiter l'amour à Lyon, et à la sauce grecque (de l'antiquité).


« Touché par l'amour, tout homme devient poète », a dit (en tout cas, c'est ce qu'on raconte), Platon. Il a aussi dit « L'amour est aveugle », mais on s'est dit que celle-là, elle était un peu trop connue. Ça causait déjà pas mal amour chez nos aïeux méditerranéens, et pourtant, on ne parlait pas toujours de l'idylle entre deux êtres. On évoquait l'amour sous ses nombreuses facettes : l'amour de la nature, de la famille, de soi-même, de la stabilité ou de l'harmonie des choses.

Voilà donc un petit guide exploratoire et fantasque de l'amour, à Lyon, alternatif à celui des meilleures soirées romantiques de Lyon, qui séduira davantage les plus terre-à-terre d'entre vous.


Philia, l'amour des copains

N'oublions pas de célébrer les ami(e)s : les camarades, les acolytes et autres relations qui n'impliquent pas de mêler nos miasmes. Un « amour vertueux impartial » selon Aristote. On ne peut d'ailleurs que vous recommander le livre Post-romantique, écrit par Aline Laurent-Mayard aux éditions JC Lattès, qui décortique l'injonction au couple, à la romance, à une sexualité et qui célèbre l'ensemble des relations humaines, particulièrement les amitiés.

On peut aussi, plus prosaïquement, vous inviter à un petit concert entre copains. De la sueur, de la bière et des rires à la sauce texane dans la cale du Sonic. La folk rock moderne d'Hayden Pedigo (avec en première partie Epépé), le 14 février à Lyon.


Storgê, l'amour familial

L'amour des parents pour leurs enfants, et vice-versa. Un amour qui peut momentanément disparaître après huit heures dans un wagon bondé, alors que le petit Timéo ne daigne pas écrire dans son cahier de vacances.

Pour rappeler à vous la flamme de Storgê, Le Petit Bulletin vous invite à balader les petits monstres. Vous pourrez ainsi — à l'instar de nombreux parents — vous esbaudir de la précocité de vos enfants. Pourquoi pas une petite virée au musée Lugdunum ? l'exposition Légo Brickius Maximus n'attend que vous.

Une journée qui peut s'achever par une jolie séance de cinéma, avec la touchante histoire (animée) de Michael, 11 ans, échoué sur une île déserte avec son chien. Le royaume de Kensuke par Neil Boyle est à l'affiche de tous les cinémas lyonnais.


Agape, l'amour désintéressé

Rien que ça. Une expression de l'amour qui sonne un peu comme une profession de foi à Miss France. Il s'agit d'un sentiment amoureux basé sur l'empathie, proche de ce que les bouddhistes nomment « le metta » ou bonté universelle. Un amour contemplatif qui se nourrit de l'altérité. On ne peut que vous conseiller de prendre le temps d'écouter vos proches, de vous intéresser au monde et à ses difficultés, sans misérabilisme. On vous aurait aussi bien recommandé d'aller voir l'excellent Welfare de Julie Deliquet, au théâtre des Célestins. Mais c'est fini. Depuis le 3 février. Dommage.


Philautia, l'amour de soi

Le cocooning à l'ancienne. Cependant, si vous prenez une photo de votre chocolat chaud et de votre plaid pour faire le buzz sur les réseaux, vous êtes peut-être en mode « self-care », mais vous n'êtes pas en mode « Philautia ».

L'amour Philautia est avant tout la compassion qu'on peut avoir envers soi-même, sans vanité. « Tous les sentiments avenants que nous éprouvons à l'égard des autres sont le prolongement des sentiments qu'un individu ressent pour lui-même », disait Aristote. 

Et pour savoir ce qu'on éprouve pour soi-même, il faut se connaître dans la solitude. Expositions, concerts, pièces de théâtre ou séances de cinéma, nous ne pouvons que vous conseiller d'oser partir à la conquête des richesses de la Capitale des Gaulle sans vous contraindre par manque de compagnie. Vous ne le regretterez pas.


Eros, l'amour coquin

On y vient. On n'aurait d'ailleurs pas pu faire l'impasse : Eros ou l'amour passion, qui tire son nom du dieu de l'amour et de la fertilité. Le concept grec qui se rapproche le plus des images hollywoodiennes desquelles nous sommes abreuvés depuis des décennies. On ne va pas vous expliquer comment séduire, mais vous pouvez faire un tour sur nos suggestions de soirées romantiques pour la Saint-Valentin.

D'après les grecs toujours, l'Eros est aussi l'expression la plus dangereuse de l'amour, guidée par l'engouement personnel et la recherche de plaisir. La rédaction vous invite donc à visiter son coup de cœur du mois, une exposition sur la rupture amoureuse, à la Galerie Domus. Les images entre mélancolie et humour grinçant de Marguerite Rouan, explorent avec justesse « le moment cathartique de la rupture amoureuse, point de condensation et de récapitulation déchirante de l'histoire de chaque relation ».

Il existe d'autres expressions de l'amour grec : Pragma, l'amour durable, Ludus l'amour espiègle… Mais on n'avait pas des idées pour tout, et puis surtout, on n'est pas des spécialistes. Ni de l'amour, ni des grecs anciens. En espérant vous avoir donné au moins une ou deux bonnes inspirations.


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