Théâtre, danse, humour et cabaret : les spectacles à voir en mars à Lyon

Avec un classique de Molière, une humoriste féministe, un cabaret queer, une figure de la danse française ou encore une fan de "Dirty Dancing", voici notre sélection spectacles en mars, à Lyon.


Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze

« C'est pas un crime de porter une pastèque. » Déclaration d'amour à un film culte (jusqu'aux dialogues) autant qu'autobiographie déguisée, le premier seule-en-scène de Chloé Oliveres s'inscrit dans cette tendance qu'ont pas mal d'artistes d'entremêler les fils de leur propre histoire à des enjeux plus larges (ici la pop culture, avec le film Dirty Dancing et son acteur principal Patrick Swayze) afin de faire rire et, si possible, réfléchir. Chloé Oliveres, comédienne qui a cofondé le collectif théâtral (et féministe) Les Filles de Simone, s'en sort avec talent (« à la manière d'une Annie Ernaux qui aurait mangé Florence Foresti » s'enflamme la note d'intention) grâce au recul dont elle fait preuve – elle balaye une quarantaine d'années de vie.

Au Centre culturel Charlie-Chaplin (Vaulx-en-Velin) vendredi 8 mars


Dom Juan

Créé au TNP avant de partir à Paris (à l'Odéon), le Dom Juan de Molière par Macha Makeïeff, ancienne directrice de la Criée à Marseille et cocréatrice des fameux Deschiens, sera visiblement ancré dans notre époque et ses questionnements si l'on en croit le texte de présentation du théâtre villeurbannais : « Après Tartuffe-Théorème, Macha Makeïeff poursuit son investigation autour de la figure de l'homme prédateur. » Avec neuf interprètes au plateau, dont Xavier Gallais dans le rôle-titre.

Au TNP (Villeurbanne) du samedi 9 au vendredi 22 mars


Noémie de Lattre – L'Harmonie des genres

« Pendant longtemps, j'ai fait partie de ces gens qui pensaient que les féministes étaient forcément des filles poilues énervées contre tout. C'est ce qui me permet, sans doute, de ne pas avoir de colère contre les gens qui ne sont pas encore éclairés, comme je ne l'ai aussi pas été pendant longtemps ! » Voilà ce que nous avait déclaré il y a quelques années la comédienne Noémie de Lattre à l'occasion de la tournée de son réjouissant précédent solo Féministe pour Homme. La voici de retour avec L'Harmonie des genres, spectacle d'humour et de chansons (avec un groupe 100% féminin) dans lequel elle prolonge ses réflexions en se concentrant cette fois sur les impasses de l'hétéronormativité. Intelligemment savoureux.

À la Bourse du travail mercredi 13 mars à 20h


Vincent Dedienne – Un soir de gala

Dévoilé en 2021, ce deuxième seul-en-scène de Vincent Dedienne est à nouveau une réussite. Soit un comédien qui, après avoir parlé de lui dans S'il se passe quelque chose, livre ici une galerie de personnages hilarants et tendrement (ou pas) fêlés. Avec, surtout, une écriture affûtée (ce sont de véritables petites histoires et non une simple succession de vannes) et un talent d'interprétation parfait. La classe ultime – et on ne parle pas que de son costard.

À la Bourse du Travail jeudi 14 et vendredi 15 mars


2 Sœurs

Le conteur moderne Marien Tillet se lance dans une histoire qui partira jusqu'au sud-ouest de l'Irlande, il y a de nombreuses années, à la découverte de deux sœurs persécutées par leurs voisins. Pour y arriver, il réalise de nombreuses digressions (jusqu'à un drôle de speed-dating !) avec un talent certain. Car Marien Tillet (ou plutôt Marc, son personnage d'ethnologue spécialiste des hystéries collectives) a l'art de capter l'attention du public pour ne plus la lâcher. Et pour montrer que « le spectateur est une sorcière comme les autres », et la foule une véritable machine à broyer. Glaçant.

Au Théâtre de Vénissieux vendredi 15 mars


Le Firmament

C'est l'un des plus grands spectacles de la saison passée, lauréat notamment du grand prix du Syndicat de la critique. On le doit à la metteuse en scène Chloé Dabert et à l'autrice britannique qui monte, Lucy Kirkwood. Soit une histoire féministe qui plonge dans le passé (le XVIIIe siècle anglais, où une femme du peuple est accusée du meurtre d'une fillette) pour mieux ausculter le présent. Un genre de Douze hommes en colère au féminin, magnifiquement sororal et théâtralement captivante sans être démonstratif.

Aux Célestins du mercredi 20 au vendredi 22 mars


Les Possédés d'Illfurth

Il était une fois un jeune homme prénommé Hélios, qui raconte sa passion pour le théâtre autant qu'il plonge dans son passé douloureux. Seul sur scène, le comédien Lionel Lingelser (cofondateur du Munstrum Théâtre) campe, grâce aux mots de l'auteur Yann Verburgh, son double autofictionnel dans un spectacle à la fois intense (quelle performance d'acteur), drôle et bouleversant prenant pour point de départ une légende alsacienne de la seconde moitié du XIXe siècle sur deux enfants possédés. Un uppercut théâtral.

Aux Célestins du mercredi 20 au samedi 30 mars


Black Lights

« Inspiré de faits réels, Black Lights est un spectacle-série-manifeste qui rend compte des violences faites aux femmes au quotidien. » Voilà ce qu'écrit la chorégraphe Mathilde Monnier en note d'intention de sa nouvelle pièce assurément féministe. Au vu des retours presse de celles et ceux qui l'ont vue cet été dans les festivals, ce serait une réussite.

Aux Subs du mercredi 20 au samedi 23 mars


Madame Arthur

Le cabaret parisien Madame Arthur, adepte de la chanson française et du queer (pour résumer de façon on ne peut plus sommaire !), sort de plus en plus souvent de ses murs afin d'investir toute la France. Après être passés par le Théâtre de la Croix-Rousse en décembre, certains de ses artistes seront au Transbordeur, et non des moindres (on est sur des piliers du lieu) : le pianiste Charly Voodoo et les interprètes Diamanda Callas, Maud'Amour et Odile de Mainville.

Au Transbordeur (Villeurbanne) vendredi 22 mars


J'ai trop d'amis

Molière du meilleur spectacle jeune public en 2022, la pièce de David Lescot continue de tourner. Et tant mieux, tant c'est une réussite généreuse et intelligente. Soit l'histoire d'un gamin qui débarque en 6e sans ses potes de l'école primaire, toutes et tous dans une autre classe. Aïe. De ce postulat, David Lescot a sorti une création à hauteur de jeune ado, avec de savoureuses figures (dont une petite sœur accro à l'hélium) et une recherche précise sur le phrasé, chaque personnage ayant son langage, ses mots. Du théâtre jeune public finalement tout public.

Au TNG - Les Ateliers-Presqu'île samedi 23 mars à 15h et 19h
À la Mouche (Saint-Genis-Laval) mardi 26 mars à 19h30
Au Pôle 9 mercredi 27 mars à 15h (programmation hors les murs du TNG)


Désobéir

Spectacle à succès (qui clive néanmoins la rédac du PB !) créé en 2017, ce Désobéir de la metteuse en scène Julie Berès est une joyeuse aventure construite autour de la parole de jeunes femmes issues de la première, seconde et troisième générations de l'immigration. Un revigorant portrait moderne qui évoque la famille, la religion, les rapports hommes-femmes, la sexualité…. Ça fait un bien fou.

Au Théâtre de la Croix-Rousse du mardi 26 au vendredi 29 mars


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