Désobéissance à demi

Désobéissance à demi
Désobéir

Théâtre de Vénissieux

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / En tournée triomphale depuis sa création il y a tout juste deux ans, Désobéir est un spectacle qui s'embourbe dans une mise en scène ampoulée : d'autant plus déstabilisant que le propos est on ne peut plus actuel, porté par quatre jeunes comédiennes épatantes.

Au commencement, il y a le projet de Marie-José Malis à La Commune d'Aubervilliers, qu'elle dirige, de proposer à des auteurs et autrices et metteurs en scène de transposer au-dedans la parole publique récoltée au-dehors (alors que par ailleurs, une grève l'an passé des salariés du théâtre témoignait d'un mal-être au travail, mais ceci est peut-être – ou pas – une autre histoire). Celui que mène Julie Berès est la neuvième de ces Pièces d'actualité et s'est construite au fil des témoignages de jeunes femmes issues de l'immigration. Avec la romancière Alice Zeniter (dont L'Art de perdre et plus encore Juste avant l'oubli sont de beaux ouvrages) et le dramaturge issu du TNS Kevin Keiss, cette matière brute a été organisée pour que le propos s'articule avec cohérence et créer ainsi une tension dramaturgique.

D'emblée, après une entrée en scène quasi militaire du quatuor groupé marchant d'un pas déterminé, Nour raconte seule, face au public, son amour immodéré pour un jeune homme qui l'a menée à porter le hijab, fuir sa famille avant de se cogner à celui qui, in fine, l'a jugée impure. Elle en a gardé la découverte d'une religion qui la rassure et, sur le plateau, elle arrache le sol, sondant ses émotions. Ce geste organique fort n'aura pas de suite.

Civil

En effet, Julie Berès ne trouve pas, au plateau, la traduction des histoires remuantes que ses comédiennes portent sans la moindre censure et avec un talent indéniable. La metteuse en scène les accompagne avec des tics déjà un peu usés comme ces films faits au téléphone portable projetés sur grand écran en fond de scène (avec un décalage son/image assez gênant le soir où nous l'avons vu). De même que les adresses au public témoignent d'une fragilité de la proposition scénique. Bien sûr, le spectacle séduit les ados nombreux dans la salle et c'est très heureux – il est bon aussi d'entendre une traduction avec leurs mots à elles des répliques de l'Agnès de L'École des femmes, mais le spectacle s'avère pauvre, préférant surfer sur l'indéniable force de son propos que sur une forme novatrice.

Désobéir
Au TNP jusqu'au samedi 19 octobre

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