Les spectacles d'avril à Lyon (avec pas mal de danse)

Des légendes de la danse, du théâtre belge, un Molière ou encore de l'humour au programme des salles lyonnaises en avril.


Home

Traverser le plateau dans sa diagonale pour atteindre un fauteuil avec son déambulateur, voilà de quoi est fait Home : de gestes anodins qui confinent à la grande aventure. Trois jeunes interprètes prêtent leur corps aux paroles de résidents d'Ehpad ("home" en Belgique) pour un spectacle extrêmement troublant tout en lenteur et minutie imaginé par la Bruxelloise Magrit Coulon. À voir dans le cadre du « focus belge » que propose le théâtre de la Croix-Rousse.

Au Théâtre de la Croix-Rousse du mercredi 3 au vendredi 5 avril


Anima

Présentée comme une performance-installation, Anima est une proposition que l'on doit à la metteuse en scène Maëlle Poésy et la plasticienne Noémie Goudal. Avec, à leurs côtés, la circassienne Chloé Moglia, fascinante reine de la suspension poétique, et la géniale DJ Chloé. Un casting éclatant pour, nous annoncent les Subs, « un saisissant voyage à travers la matière ».

Aux Subs du mercredi 3 au vendredi 5 avril


Tahnee

Avec L'Autre, l'humoriste Tahnee raconte en une heure parfaitement rythmée sa vie de lesbienne métisse, remontant le fil de son histoire pour mieux s'ancrer dans son présent épanoui. Les passages où elle évoque le rapport des blancs à sa coupe afro sont par exemple hilarants, notamment lorsqu'elle s'amuse du fait que beaucoup de monde lui trouve une ressemblance avec la chanteuse Ayo (les cheveux, la couleur de peau) alors que personne n'a encore eu l'idée de dire à Valérie Pécresse qu'elle était la copie d'Angèle. Un spectacle drôle et, surtout, original (voire politique dans ce monde de l'humour encore très hétérocentré) par son sujet.

Au Complexe du rire du mercredi 3 au samedi 6 avril


La Nuit juste avant les forêts

Très grande pièce de Bernard-Marie Koltès (sans doute son œuvre fondatrice), cri d'amour pour les marginaux en tout genre, La Nuit juste avant les forêts est de ces textes qui marquent. Seul en scène, le comédien Jean-Christophe Folly le porte depuis quelques années dans une mise en scène de Matthieu Cruciani. Potentiel grand moment.

Au TNP (Villeurbanne) du mercredi 3 au vendredi 12 avril


Le Mariage forcé

Un Molière qui respecte l'ADN de Molière tout en déplaçant le curseur, c'est ce que propose le metteur en scène Louis Arene avec sa version du Mariage forcé livrée en très bonne compagnie — une partie de la prestigieuse Comédie-Française, rien que ça. De ce texte qui n'est pas le plus joué de l'auteur, il fait une farce grand-guignol (jusqu'au décor-prison tout en trappes et astuces) masquée (comme souvent avec son Munstrum Théâtre), véritable machine à jouer pour les cinq (excellents) interprètes.

Aux Célestins du jeudi 4 au dimanche 14 avril


So Schnell

Disparu prématurément à 41 ans, Dominique Bagouet (1951-1992) a insufflé à la danse française un grand courant de fraîcheur et d'inventivité : sa gestuelle à nulle autre pareille entremêle virtuosité, bizarrerie, humour, légèreté, fluidité… Catherine Legrand, ancienne interprète pour Dominique Bagouet, a recréé en 2020 sa toute dernière pièce So Schnell (1990), véritable ode à la joie de danser pour douze interprètes, sur une cantate de Bach. Elle en a éliminé la scénographie pop-art un peu datée pour n'en retenir que la pureté et l'énergie du mouvement.

À la Maison de la danse du mardi 9 au jeudi 11 avril


Fills Monkey

Comme dirait Cyril Féraud dans son jeu d'access micro-sieste : « personne n'y avait pensé ». Du moins avant Fills Monkey. Pensé à quoi ? À élaborer des spectacles mêlant batterie (l'instrument de musique donc) et humour (cette forme d'esprit qui consiste à dégager les aspects plaisants et insolites de la réalité, avec un certain détachement). On avait déjà vu de tels mélanges mais plutôt involontaires (Ringo Starr est quand même poilant). Là, ça cartonne. La preuve : le duo de batteurs-jongleurs tourne avec un spectacle humo-rythmique pétaradant et pyrotechnique baptisé We will drum you. Tout un programme.

À la Bourse du travail samedi 13 avril


Merce Cunningham forever

Il y a quelque chose de fascinant chez Merce Cunningham (1919-2009) qui découle d'un apparent paradoxe. Chantre du hasard et de la liberté, le chorégraphe était aussi d'une exigence inouïe, voire draconienne, quant à la précision des mouvements. Chez lui, il est possible à la fois de tirer des séquences et des mouvements à coups de dés, et de défier les capacités techniques et virtuoses des danseurs ! Le Ballet de l'Opéra reprend deux grandes pièces de Cunningham datant des années 1990 : Beach Birds sur une musique de John Cage et relevant de l'univers visuel des manchots, et BIPED (qui entre pour l'occasion au répertoire du Ballet) sur une musique de Gavin Bryars et fruit de l'utilisation d'un logiciel informatique générant des séquences de mouvement.

À l'Opéra de Lyon du mardi 16 au dimanche 21 avril


Lou Trotignon

« Le mérou peut changer de sexe une fois au cours de sa vie, lorsqu'il n'y a plus de mâle dominant » explique Wikipédia. Une information qui a tellement passionné l'humoriste Lou Trotignon qu'il a utilisé le nom de ce poisson en guise de titre de son premier spectacle. Où il est question de genre, forcément (il se définit comme un mec trans non binaire), de tout ce qui en découle (il raconte être passé « du harcèlement de rue au questionnement de rue, de "Eh, t'es bonne'"à "Eh, t'es quoi ?" »), mais aussi de pas mal d'autres choses (le strip-tease, les hétéros habillés en beige, sa famille...) qui font de ce solo très personnel une excellente surprise queer !

Au Complexe du jeudi 18 au samedi 20 avril


The Köln Concert

Quand un album culte est investi par un chorégraphe passionnant, ça ne peut que nous intriguer. Soit The Köln Concert, disque live et improvisé du pianiste états-unien de légende Keith Jarrett sorti en 1975. Soit Trajal Harrell, chorégraphe et performeur états-unien qui embrasse avec fougue la danse, voire les danses – post-modern, butô, voguing... Avec, sur le plateau, sept interprètes (dont Trajal Harrell lui-même) et, en plus, des chansons de Joni Mitchell. Que demander de plus ? À voir le spectacle !

À la Maison de la danse lundi 29 et mardi 30 avril


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