Deuxième départ

Après un premier tiers de saison assez calme, l'activité théâtrale s'intensifie nettement cette rentrée. Entre stars de la scène locale et internationale, créations maison et découvertes à foison, revue de détails. Nadja Pobel


Une Biennale de la danse enchaînée avec les vacances de la Toussaint auront bien grévé la dynamique théâtrale de ce début de saison, sauf à la Croix-Rousse qui a, en apnée, aligné Laurent Brethome, Emmanuel Meirieu, David Bobée et Pierre Guillois. Le rythme n'y faiblira pas en 2015 avec notamment les très attendus Elle brûle (mars) du duo féminin Mariette Navarro / Caroline Guiela Nguyen et Discours à la nation (avril), manifeste d'Ascanio Celestini dont s'est emparé David Murgia du Raoul Collectif.

Claudia Stavisky se confrontera elle à nouveau à un texte britannique après le très réussi Blackbird, en montant pour la première fois en France En roue libre (janvier) de la jeune Penelope Skinner, texte cru sur une femme dont les besoins charnels sont décuplés par la maternité. Pour l'occasion, la directrice des Célestins investit les Ateliers avec, parmi d'autres, le génial David Ayala. Le plateau à l'italienne sera lui occupé par une flopée de spectacles prometteurs dont Répétition où Emmanuelle Béart rejoint, sous la direction de Pascal Rambert, le duo épique de Clôture de l'amour, Stanislas Nordey et Audrey Bonnet (que l'on verra aussi en mai au même endroit sous celle de Roland Auzet pour Dans la solitude des champs de coton). Au moins deux autres pièces s'annoncent immanquables aux Célestins et elles disent l'excellent état de forme de la nouvelle génération : Les Particules élémentaires (février) de Houellebecq adaptées avec fidélité et ferveur par Julien Gosselin, puis Belgrade d'Angelica Liddell, proposé par le collectif lyonnais La Meute – les non moins affamés Chiens de Navarre revenant eux là où ils ont grandi, aux Subsistances, avec Les Armoires normandes (juin).

Signes de reprise

Autre jeune sous les feux de la rampe depuis son Henry VI en 18h à Avignon cet été, Thomas Jolly sera à la Renaissance avec une pièce jeune public, Arlequin poli par l'amour (mars). Pas de création en revanche pour Joris Mathieu, mais des coups de projecteur aux Ateleirs sur Jean Lambert-wild (juin) et la plasticienne Miet Warlop (mars). Même chose pour Gwenael Morin qui, s'il reste directeur du Point du Jour, invite le Collectif X à développer à sa place le théâtre permanent avec Le Soulier de satin, visible en épisodes de janvier à avril.

Le TNP affiche quant à lui rien moins que Bob Wilson, Martinelli, Catherine Anne et deux poids lourds du dernier festival d'Avignon (les inégaux Le Prince de Hombourg par Corsetti et Orlando ou l'impatience d'Olivier Py). À noter enfin la reprise au même endroit de l'épatant Triomphe de l'amour (avril-mai) de Michel Raskine, qui passera aussi par Villefranche, à l'instar des virtuoses circassiens de XY et de Sandrine Bonnaire (pour L'Odeur de planches de Richard Brunel, aussi à l'Atrium en mai). L'actrice fera également un arrêt à la Maison de la danse avec Le Miroir de Jade (mars), créé lui aussi à la Comédie de Valence. C'est d'ailleurs là-bas, et seulement là-bas en Rhône-Alpes, que seront visibles You are my destiny, variation de Liddell sur Lucrèce Borgia, et Trauernacht, par l'acolyte de Martin Crimp Katie Mitchell. Quasiment un geste politique, par les temps d'austérité culturelle qui courent.


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