L'art africain, le rapport Savoy-Sarr et le sparadrap colonialiste

Édito du n°1114 - mercredi 28 novembre 2018 - Petit Bulletin Grenoble

Il faut le faire. Nous aurions même dû le faire depuis longtemps. Alors certes, ça commence petitement, mais c’est déjà ça : la semaine dernière, Emmanuel Macron a annoncé que 26 œuvres (des statues, des trônes, des portes…) détenues dans les collections françaises depuis 1892 seront rendues au Bénin. Une décision prise à la suite d'un débat de plus en plus fort en Europe comme en Afrique sur cette question complexe récemment mise en lumière par un rapport chiffrant à quelque 90 000 le nombre d’objets d’art d’Afrique subsaharienne dans les collections publiques françaises, dont environ 70 000 au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac (photo).

Emmanuel Macron s’est également engagé à « réunir à Paris au premier trimestre 2019 l'ensemble des partenaires africains et européens » afin d’imaginer une « politique d'échanges » d'œuvres d'art africain saisies pendant la colonisation. Une position qui, si elle va demander des adaptations juridiques (les œuvres appartenant aux musées français sont considérées comme inaliénables, ne pouvant être vendues ou offertes), va dans le sens de l’histoire. Et qui, surtout, refuse de se cacher derrière des arguments spécieux du type "chaque pays possède des objets d’autres pays" (certes, mais pas à ce niveau-là – entre 85 à 90% du patrimoine africain serait hors du continent, principalement dans les musées européens – et non obtenus de cette façon), voire condescendants (si ce n’est pire) – "mais les Africains n’ont pas de musées, c’est du gâchis".

De quoi faire un pas de plus vers la fin de cette histoire coloniale qui nous colle à la peau comme un sparadrap.

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