Né en 1959 à Los Angeles, William T. Vollmann, journaliste free-lance, romancier, essayiste, n'a cessé de rouler sa bosse, d'enquêter et de rendre compte de la faillite interminable du monde à travers une œuvre aussi imposante que protéiforme. De l'Afghanistan au Cambodge, en passant par l'Irak et la Somalie, ses reportages d'investigations fournissent la matière à une œuvre obsédée par les thèmes récurrents de la prostitution, des marginaux, de la violence, de la drogue... En 2004 est publiée son œuvre somme, Le Livre des violences, résultat de plus de vingt cinq ans d'analyse sur la violence sous toutes ses formes qui tente de répondre à cette question : peut-on justifier la violence ?
L'œuvre romanesque de Vollmann poursuit son travail journalistique en s'ancrant profondément dans une réalité décrite sans concession par cette plume majeure de la littérature américaine contemporaine. Il s'est vu attribuer en 2005, pour son roman Central Europe, le National Book Award, plus haute distinction aux États-unis. Revenu du Grand Partout, récit de son périple accompli illégalement à bord des trains de marchandises célébrant cette Amérique des grands espaces, Vollmann s'est rendu à Fukushima, dans la zone interdite et éminemment contaminée, quinze jours à peine après la catastrophe nucléaire, et en a rapporté un reportage proprement crépusculaire. Une vision du monde profondément humaine malgré la noirceur apparente des thèmes pour cet auteur vagabond qui «pense que les mots peuvent rendre n'importe quoi poétique.»
Gaël Dadies
Rendre compte du réel
Aux Subsistances
Dimanche 3 juin