De Lionel Baier (Suisse-Fr, 1h24) avec Michel Vuillermoz, Valérie Donzelli...
1974. Fatigué d'entendre des mauvaises nouvelles sur ses ondes, le nouveau patron de la Radio Suisse Romande convoque le directeur des programmes pour lui intimer l'ordre de positiver l'antenne avec des reportages montrant à quel point la Suisse rayonne à travers le monde. Une jeune animatrice féministe, un vieux briscard souffrant de pertes de mémoire et un technicien roublard partent donc dans un Portugal encore sous la dictature pour mesurer l'aide suisse au développement du pays.
L'argument est picaresque et Lionel Baier en tire d'abord une comédie farfelue et sarcastique emmenée par un Michel Vuillermoz excellent — en revanche, Donzelli rapatrie les insupportables tics de comédienne hérités de ses propres films... Peu à peu, le centre névralgique des Grandes ondes bouge avec l'Histoire en marche et la Révolution des œillets dans laquelle les protagonistes se retrouvent plongés malgré eux. Le film est alors nettement plus brouillon, mais son anarchie scénaristique et formelle fait finalement corps avec les événements racontés. Avec cette ode à la liberté sous toutes ses formes, Baier pense sans doute interroger notre actualité contemporaine et ses renoncements idéologiques ou moraux. Ce serait lui faire beaucoup d'honneur que de dire qu'il y parvient. Mais sa comédie est attachante, et c'est déjà un beau compliment.
Christophe Chabert