Sans un bruit, un nouveau festival a vu le jour à l'Institut Lumière. Une discrétion toute naturelle, puisqu'il est dévolu au muet — vaste pan de l'histoire du cinéma, le parlant ne s'étant imposé qu'à l'orée des années trente. Voilà l'occasion de redécouvrir un patrimoine riche d'expressivité, paradoxalement loin d'être dépourvu de sons : nombreuses étaient les productions prévues pour être cadencées par la musique, accompagnées en direct dans les salles par des instrumentistes.
Au piano, Raphaël Chambouvet aura sans doute des notes élégiaques pour le grand drame de Murnau, L'Aurore (1927), quand l'organiste Thierry Escaich donnera dans le grandiose pour escorter l'envol des Ailes (1927) de Wellman, en ciné-concert à l'Auditorium. On reverra également Louise Brooks, hors de son rôle de Loulou, mais toujours sous la coupe de Pabst, dévoiler le Journal d'une fille perdue (1929), ou Gloria Swanson, aiguillée par le Erich von Stroheim cinéaste, couronnée en Queen Kelly (1929).
Outre les projections, ce cycle muet intègre des conférences (notez L'introduction à l'histoire du cinéma muet donnée par Martin Barnier, grand spécialiste local de la question), l'incontournable cinébrocante pour les chineurs et un rituel bisannuel : le remake de Sortie d'usine. Fixé le 19 mars (date officielle du tournage du premier film de l'Histoire, en 1895) de 10h30 à 18h toutes les demi-heures, il est ouvert au grand public — à condition de s'inscrire préalablement sur le site de l'institut. VR
Cinéma Muet !
À l'Institut Lumière du 19 au 23 mars