Jeudi 21 septembre 2023 À voir
★★★☆☆Les Feuilles mortes
Dans la nuit d’Helsinki, le hasard fait se croiser Ansa et Holappa, deux célibataires (...)
A voir au ciné cette semaine
Par Vincent Raymond
Publié Mercredi 14 juin 2023 - 43 lectures
Photo : © 2022 LOVE LIFE FILM PARTNERS & COMME DES CINEMAS
À voir
★★★☆☆ Love Life
Accueillant pour une célébration familiale les parents de son mari Jiro (qui habitent en face ), Takeo voit sa fête prendre brutalement un tour tragique. Peu après, le père biologique de son fils refait surface dans sa vie ; dans le même temps, Jiro reprend contact avec son ex…
Face à cette chronique d’une famille en plusieurs mouvements (et plusieurs fragments), comment ne pas penser à l’univers à la fois intime et terriblement sensible de Kore-eda ? S’attachant au plus près des sentiments dans tout ce que l’éventail de l’humanité peut permettre mais sans choir dans les outrances du mélo, Kôji Fukada montre les infinies nuances du ressentiment, de la jalousie, du chagrin mais aussi l’amour invincible éprouvé par des personnages dont les trajectoires et les affects sont tout sauf monotones.
D’ailleurs, comme dans une partie d’Othello (le jeu favori du fils de Takeo), les perspectives peuvent ici en un instant changer radicalement. Quant aux mensonges ou aux dissimulations, ils n’ont pas forcément d’intention malveillantes — les silences de Love Life s’avèrent même puissamment éloquents : l’ex de Takeo étant muet (et coréen), il signe pour s’exprimer ou traduire ce que la mère de son fils ne peut comprendre. Le tact dont Fukada fait preuve pour aborder des sujets terribles se retrouve dans sa mise en scène d’une sobre fluidité, presque aérienne, jamais étouffante dans les espaces clos. On pourrait s’interroger sur le message optimiste renvoyé par le titre, eu égard au contenu parfois dramatique du film ; le plan final le légitime tout entier.
De Kôji Fukada (Jap., 2h04) avec Fumino Kimura, Kento Nagayama, Atom Sunada…
★★★☆☆La Nuit du verre d’eau
Liban, les années 1950. Loin de Beyrouth, dans les montagnes, les filles du chef du village mènent une vie détachée des remous de la révolution qui secoue le pays. Si l’aînée s’est coulée dans le moule de la tradition en épousant un homme, les cadettes manifestent davantage de désir d’émancipation…
Évocation teintée d’autobiographie mi-joyeuse, mi mélancolique, le film de Carlos Chahine encapsule davantage que des souvenirs personnels. Bien sûr, il y a le regard candide et insouciant d’un enfant plutôt privilégié et choyé tranchant avec la condition des autres gosses vivant dans ce cadre rural au bord de l’austérité. Mais le Carlos Chahine adulte complète l’arrière-plan, reconstituant un contexte plus tourmenté : la mère du garçonnet s’affranchit progressivement d’une double (voire triple) tutelle masculine en flirtant avec un Français de passage, ses tantes tentent de faire vaciller le patriarcat ambiant en choisissant leurs amants et leur destin ; quant aux adultes de cette société virile, ils ne sont guère ouverts à la différence de manière générale. La Nuit du verre d’eau rappelle à certains égards — le décor résolument oriental et l’époque teintée par les fifties mis à part — ce que de Sica avait cristallisé dans Le Jardin des Finzi-Contini : l’imminence crépusculaire d’une fin de règne tragique.
De Carlos Chahine (Fr.-Lib., 1h23) avec Marilyne Naaman, Antoine Merheb Harb, Nathalie Baye…
★★★☆☆Fifi
Fifi, 15 ans, désespère à l’idée de passer un été-HLM dans sa famille déstructurée. Et voici que le hasard lui met entre les mains les clefs de la luxueuse villa de sa copine Jade, partie avec ses parents. Fifi décide de taper l’incruste dans la propriété. Quand le grand frère de Jade débarque, les deux vont cohabiter…
“L’inconnue dans la maison“, “Fais moi des vacances“… Ces titres (déjà pris) auraient tout aussi bien pu convenir à ce premier long du duo Alan/Saintillan explorant à hauteur d’adolescence et à lisière d’âge adulte le déterminisme social… sans pour autant sombrer dans les abîmes du misérabilisme crin-crin. Meilleur alliée pour ce conte initiatique, l’ambiance solaire de l’été, qui gomme dans sa lumière dorée pas mal de différences : le désœuvrement des uns peut se confondre avec le farniente ou le dilettantisme des autres. Jouant sur différents niveaux de troubles et de suspense avec adresse, Fifi donne à éprouver le malaise ressenti par sa protagoniste, probable future transfuge de classe, oscillant entre son milieu d’origine — un appartement surbondé — et ce havre de quiétude. Un mot sur le rôle repoussoir de la mère peu responsable de Fifi, campée par Chloé Mons : épouvantablement crédible avec sa mine de Béatrice Dalle blonde, elle s’avère surprenant dans sa gravité finale. Une sacrée trouvaille.
De Jeanne Aslan & Paul Saintillan (Fr., 1h48) avec Céleste Brunnquell, Quentin Dolmaire, Ilan Schermann…
On s’en contente
★★☆☆☆Le Processus de paix
Pour préserver leur couple et leur famille d’une rupture fatale, Marie et Simon décident de rédiger (et respecter) une sorte de pacte de non-agression mutuelle, la “Charte universelle des droits du couple“ reposant sur l’écoute, la concession et la maîtrise de soi. Sur le papier, ça peut fonctionner. Mais en vrai ?
Ilan Klipper est un cinéaste aussi prolifique et fidèle à ses comédiens (Camille Chamoux, Laurent Poitrenaud) qu’éclectique dans ses projets. La preuve avec cette comédie sentimentale allenienne made in Paris, arrivant après un documentaire consacré à des personnes longeant la folie (Funambules) lui même succédant à une fiction poétique-barrée au ton très indé (Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête). Cette variété d’approches autour d’acteurs-pivots laisse entre qu’il se cherche ; il ne s’est pas encore trouvé avec Le Processus de paix. Suivant un schéma un peu daté (qui a cependant connu son heure de gloire dans les année 1990), cette comédie de mariage-démariage mâtinée de dramédie juive étonne guère — Jeanne Balibar en cougar : au secours ! ; Poitrenaud en patron de radio débitant du franglais d’école de commerce à tout-va : dejà-vu ; Ariane Ascaride en matriarche ultra libre et castratrice : énième avatar de Marthe Villalonga etc. Heureusement, il y a des instants de grâce en particulier dans les séquences avec Sofian Khammes et la trop rare Sabrina Seyvecou, le second couple du film. Aussi drôles et inattendus en parents de petits monstres indisciplinés ou amoureux paradoxaux, ils justifient à eux seuls de voir ce film.
De Ilan Klipper (Fr, 1h32) avec Camille Chamoux, Damien Bonnard, Jeanne Balibar…
à lire aussi
derniers articles publiés sur le Petit Bulletin dans la rubrique Cinéma...
Mercredi 10 mai 2023 La vérité dépasse parfois la fiction, dit-on. Dans le cas du Principal, Chad Chenouga s’empare d’une histoire aussi invraisemblable qu’authentique, qu’il amende d’éléments personnels. Explications recueillies lors des Rencontres du Sud.
Jeudi 13 avril 2023 Présenté en ouverture des Rencontres du Sud avignonnaises, Le Prix du passage rappelle la douloureuse situation des migrants bloqués aux portes de la Manche, ainsi que la réalité des trafics humains. Un “film social“ loin des codes du genre que son...
Jeudi 5 janvier 2023 Une silhouette élégante de nonce apostolique ou de clergyman gravit des escaliers. « Ne vous y fiez pas, il est très drôle, il faut juste le lancer » nous glisse Louis Garrel juste avant notre entrevue avec Michele Placido qui vient de le diriger...
Jeudi 22 décembre 2022 Lui-même ancien cavalier, le réalisateur Christian Duguay remonte en selle pour Tempête dans lequel une jeune fille née dans un haras en même temps qu’un cheval voit son rêve d’écuyère brisé par un accident la clouant dans un fauteuil. Au-delà du...
Mardi 6 septembre 2022 Malavida ressort l'un des films phares de la Nouvelle Vague tchèque, dont l'inventivité et la pertinence demeurent totalement d'actualité.
Mercredi 11 mai 2022 À voir
★★★☆☆ Tourner pour vivre
Entré à moins de trente ans dans la légende du 7e Art grâce à Un homme et une femme, Claude (...)
Mardi 26 avril 2022 Fruit du travail de bénédictin d’un homme seul durant sept années, Junk Head décrit en stop-motion un futur post-apocalyptique où l’humanité aurait atteint l’immortalité mais perdu le sens (et l’essence) de la vie. Un conte de science-fiction avec...
Mercredi 27 avril 2022 Comédienne chez Denys Arcand (L’Âge des ténèbres) et surtout Xavier Dolan (Les Amours imaginaires, Laurence Anyways), la Québécoise Monia Chokri avait réalisé en 2019 un premier long...
Mercredi 27 avril 2022 Indispensables
★★★★☆ Babysitter
Après un geste inconvenant perçu comme une agression sexiste, Cédric a été viré. En guise de (...)
Mardi 26 avril 2022 Orfèvre dans l’art de saisir des ambiances et des climats humains, Mikhaël Hers (Ce sentiment de l’été, Amanda…) en restitue deux : l’univers de la radio la nuit et l’air du temps des années 1980. Une fois encore, le prodige de son alchimie teintée...
Mardi 26 avril 2022 Dans le cadre de l’opération Mai à Vélo, le cinéma Le Family proposera deux animations spéciales dans le (...)
Mardi 26 avril 2022 Une bande d’amis partis de rien. Neuf copains qui, plutôt que d’aller pointer à l’usine, décident un beau jour (...)
Vendredi 15 avril 2022 Les vacances de Pâques sont là, et avec elles, le festival Tête de Mûle, qui fait son grand retour à Sainté…
Vendredi 15 avril 2022 A Saint-Chamond, le cinéma Le Véo organise durant ces vacances de Pâques un festival Harry Potter.
Ce samedi 16 avril, à partir de 16h30, aura tout d’abord (...)
Mardi 12 avril 2022 Le duo de cinéaste Thierry Demaizière - Alban Teurlai est de retour avec un nouveau documentaire consacré au lycée Turgot de Paris, seul établissement en France ayant intégré une section hip-hop ouverte à tous les profils. Ils ont suivi les...
Jeudi 21 avril 2022 Indispensable
★★★★☆ I COMETE
L’été dans un village de Corse. Une succession (...)
Mardi 12 avril 2022 A découvrir : nos critiques des sorties cinéma de la semaine du 13 avril.
Vendredi 8 avril 2022 Après une édition 2022 de retrouvailles avec un public chaleureux et heureux, le festival du film du voyage stéphanois Curieux Voyageurs prolonge le plaisir (...)
Mardi 12 avril 2022 Retour derrière le micro pour Malik Bentalha, voix française de Sonic le hérisson dans le deuxième opus de la franchise Sega-Paramount. L’occasion de poursuivre la conversation avec ce fan absolu des années 1980, débordant d’enthousiasme et de...
Mardi 29 mars 2022 Né sous les auspices de la Cinéfondation cannoise, coproduit par Scorsese, Murina est reparti de la Croisette avec la Caméra d’Or. Une pêche pas si miraculeuse que cela pour ce premier long métrage croate brûlé par le sel, le soleil et le désir de...
Mardi 5 avril 2022 Avec son comparse grolandais Benoît Delépine, Gustave Kervern vient de signer son dixième long métrage mettant en scène deux politiciens (un écolo et un extrême-centriste de droite) collés l’un à l’autre par des féministes pas contentes. Derrière la...
Lundi 4 avril 2022 Narrant une reconstruction après un traumatisme, En corps peut se voir comme un conte de la résilience mais aussi comme une nouvelle tentative de Cédric Klapisch de capturer le geste et le temps pour conserver une trace éternelle du...
Mardi 5 avril 2022 Parmi les sorties ciné du 6 avril, il y a les films qui méritent le déplacement... Et les autres.
Mercredi 30 mars 2022 À voir
★★★☆☆ En corps
À 26 ans, Élise est au sommet de son talent de danseuse classique. Mais une blessure (...)
Lundi 28 mars 2022 Au moment d’accomplir son devoir civique, le citoyen trouve avec Le Monde d’hier et En même temps deux films entrant spectaculairement en résonance avec les problématiques politiques et politiciennes hexagonales. Quand le cinéma raisonne davantage...
Mardi 15 mars 2022 Les Ambassadeurs du Méliès, ce sont des lycéens qui aiment le cinéma, qui voient les dernières sorties en salle, et qui livrent leur coup de cœur. Aujourd'hui, Maëlem et Lucie nous parlent de leur « Pépite » du mois, Medusa, réalisé par...
Lundi 14 mars 2022 Habitué aux superproductions spectaculaires et aux films d’époque, Jean-Jacques Annaud en tourne une qui résonne avec son histoire intime puisqu’elle se focalise sur le monument patrimonial qu’il connaît (et aime) sans doute le plus, à l’époque...
Lundi 14 mars 2022 Après y avoir déjà présenté en avant-première "Pour Elle" et "À bout portant", Fred Cavayé avait réservé l’exclusivité de son nouveau film "Adieu Monsieur Haffmann" au Festival de Sarlat. Bien lui en a pris : son drame se déroulant durant...