Festival du film court de Villeurbanne : c’était il y a 10 ans

Avant de se plonger dans l'actualité du court, retour sur les faits marquants de l'édition 2003 du festival.

Le festival du film court de Villeurbanne fête cette année sa 34ème édition, une longévité qui en fait un des plus anciens représentants du genre en France. Cet âge respectable autorise quelques coups d’œil dans le rétro. Regard rétrospectif d’autant plus intéressant que l’un des poncifs du genre est de présenter le court métrage comme défricheur des talents de demain.

Alors, inaugurons cette séquence rétrospective quelques jours avant de plonger dans l’actualité du court européen par cette double question : que se passait-il au festival du film court de Villeurbanne il y a 10 ans et qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Un grand cru

Autant être clair d’entrée : l’édition 2003 du festival du film court de Villeurbanne était un très grand cru. Une édition très riche, dont voici un aperçu subjectif en 10 points :

1) L’événement : la compétition numérique

L'édition 2003 est marquée par la création de la compétition « Images Virtuelles », qui s’appelait à l’époque « 128 meg@ d’art ».

A noter le premier prix de cette compétition attribué à « Dahucapra Rupidahu » qui démontra, par son incrustation réussie d’images numériques 3D de dahus sur un film en prise de vue réelle, que cette compétition était plus qu’un simple best of de films d’animation. Avec une bonne dose d’humour et une ambiance de documentaire d’Arte en prime.

2) L’artiste culte : Stan Brakhage

Si on ne doit en citer qu’un parmi les artistes importants présents (sinon, l’exercice tournerait vite au name-dropping), il est impératif de rappeler la rétrospective consacrée à Stan Brakhage, alors récemment disparu. Cette programmation se faisait dans la case « Découverte expérimentale ».

3) Les grands cinéastes du court : Florence Miailhe et Serge Avedikian.

Tous deux pour leur importance et leur singularité dans le paysage du cinéma d’animation. A noter que l’on retrouve Florence Miailhe cette année en compétition avec un film qu’elle a coréalisé avec Elodie Bouedec et Mathilde Philippon : « Méandres ».

4) En route pour la gloire : Alexandre Astier

Comme on le disait plus haut, le court métrage comme préambule au passage au long métrage est un lieu commun que l’on entend souvent comme argument de médiatisation de la forme courte.

Que dire alors de la suite des carrières des lauréats de cette édition 2003 : Alain Gomis était déjà passé au long avant son grand prix à Villeurbanne cette année-là, Frédéric Mermoud a réalisé « Complices » en 2009 avant de réaliser des épisodes de la série « Les revenants » et Gérald Hustache-Mathieu est rapidement passé au long en 2005 avec « Avril ». Sans parler de Juan Solanas qui a depuis dirigé Carole Bouquet et Kirsten Dunst dans ses longs.

On en oublie beaucoup ici évidemment, mais le cinéaste que l’on a découvert à Villeurbanne en 2003 et qui est sûrement le plus connu aujourd’hui est Alexandre Astier. En effet, en ouverture du festival était présenté « Dies Irae » (à défaut d’apparaitre en compétition…), sorte de pilote de la désormais classique série « Kaamelott ».

5) La carte blanche : Claude Duty

En 2003, la carte blanche donnait la parole à Claude Duty, alors récemment passé au long après 30 ans de court. Mais c’est surtout en sa qualité d’expert du monde du court métrage, notamment acquise à travers ses collaborations à Canal+ et au festival de Clermont, qu’il a concocté une carte blanche dont le programme reste comme l’un des plus complets et des plus intéressants de l’histoire du festival de Villeurbanne.

C’est simple, on croirait une programmation du désormais habituel programme « Histoire de courts » villeurbannais !

6) Le membre du jury : Luc Lagier

Le jury était comme d’habitude un excellent mélange représentatif des différents acteurs du monde du cinéma. Le plus marquant était sans doute la présence de Luc Lagier, dont l’émission Blow up (sur le site d’Arte) est aujourd’hui un régal pour tous les cinéphiles.

On ne peut s’empêcher de noter que le jury comprenait également un journaliste de cinéma lyonnais qui officie toujours dans le journal qui héberge ce blog.

7) Le film en compétition française et francophone : « Freedub 1 »

Réalisateur de courts expérimentaux et engagés, monteur notamment pour Delépine et Kervern, Stéphane Elmadjian était en compétition avec « Freedub 1 », un film comme on n’en voit pas assez dans les compétitions de courts.

8) Le documentaire coup de poing : «L’usine s’engage »

Figure emblématique du court et lauréat à Villeurbanne en 1998, Jacques Mitsch était présent en 2003 dans le cadre du mois du film documentaire. L’occasion de présenter son film coup de poing - coup de gueule suite au traumatisme d’AZF à Toulouse : « L’usine s’engage ». La preuve en 4 minutes de la puissance du cinéma, même (surtout) lorsqu’il est fait avec les tripes.

9) Le film de la nuit : « Fast film »

On a déjà parlé l’an dernier de « Scalp ! » (cf. lien), mais un des plus impressionnants films de la nuit était sans aucun doute « Fast film », incroyable film expérimental autrichien de Virgil Widrich qui ravira tous les amoureux de cinéma.

10) Le film européen : « Le portefeuille »

Un petit chef d’œuvre d’animation en 2D, avec une illustration toute en couleur du mode « et si ça s’était passé autrement », se trouvait en compétition européenne : « Le portefeuille » de Vincent Bierrewaerts, produit par les indispensables Films du Nord (qui ont encore placé un film en compétition européenne cette année : « Braise » de Hugo Frassetto).

Quand on vous disait que c’était une édition incroyable !

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