Les galettes du roi

Méli-Mélodie, le disquaire du centre ville spécialiste du vinyl, fête ce vendredi 16 Octobre au Méliès son 14 ème anniversaire. L'occasion de revenir avec Jérôme son patron et toute sa tribu de l'asso. "Les Bugnes" sur le retour en grâce d'un vieillard qui ne s'est jamais aussi bien porté : le microsillon.

La trajectoire de vie et le destin des objets quotidiens sont parfois bien surprenants, voire singuliers. Alors que, bien avant même l'apparition du numérique et de ses nouveaux formats dematerialisés, la musique a vû naître puis s'éteindre de multiples techniques d'enregistrement, de gravure, de copie et autre lecture, c'est l'une des plus anciennes de l'ère contemporaine qui crève l'écran, et occupe à nouveau le devant de la scène : le 33 tours.

Dans un secteur pour le moins sinistré et voué pour beaucoup il y 5 ans seulement à disparaître peu à peu devant le mp3 et l'explosion des téléchargements, l'industrie musicale a contre tout attente su donner le coup de pied salvateur à l'heure de toucher le fond, et prendre un tout nouvel essort. Les ventes de disques ont cessé de chuter et, mieux encore, sont reparties à la hausse. Et notre bon vieux vinyle n'y est pas étranger, bien au contraire.

Pour Damien, disquaire depuis 3 ans à l'espace culturel de Firminy et président de l'association, ce sont une soixantaine de "galettes " qui s'écoulent chaque semaine, soit une moyenne de 10 disques par jour en période creuse. La progression sur le marché est exponentielle, et à 22 €. en moyenne le 33 Tours, le chiffre d'affaires représenté est loin d'être anodin. Harold, qui met tout son talent au service de Forum en centre ville, évoque une moyenne comprise entre 100 et 150 pièces hebdomadaires, représentant environ 20 % des ventes du secteur disques...

Et le roi de la fête dans tout ça ? Jêrome, patron émérite et puriste de meli-mélodie dans la piétonne qui évolue depuis plus de 20 ans dans le mileu a, de son côté, fait le choix osé il y a 7 ans déjà de ne plus vendre que du vinyle. Aujourd'hui, il en écoule plus d'une cinquantaine par semaine en basse saison, ce qui représente 90 % de son Chiffre d'Affaires annuel et de son activité. Son enseigne a pourtant vu le jour le 1er Octobre... 2001 ! Ses clients ? Des amateurs de disques invétérés, les dj's d'ici ou d'ailleurs, des gens de passage et même des touristes des 4 coins du monde.

Mais alors, d'où nous vient cette nouvelle jeunesse qui remet au jour le gramophone, ou plutôt la platine ? L'explication se trouve en bonne partie dans la question elle-même.

Nos 3 compères sont unanimes : le son vinyle et sa pureté, les légers craquellements émis par le diamant, sont pour toujours inimitable. Et tout le monde y trouve son compte, mélomanes avisés à l'oreille aiguisée, amateurs en tout genre, et professionnels de l'animation. Les dj's sont bien sûr les plus grands gourmets et gourmands, d'autant que le support est le seul qui permette un réel mis en live, scratches compris bien entendu. Bien relancé par le hip-hop et ses simples au départ, il est de nouveau l'outil incourtounable des joueurs de Pur Son. L'objet en lui même conserve une valeur marchande, y compris sur le marché de l'occasion, et détonne comparé au CD à la sonorité lissée qui enrichit les majors et les grandes chaînes, au détriment des petites productions et des disquaires indépendants. Quant aux pauvres fichiers, piratés ou bien même téléchargés légalement, quel héritage ? Que reste t il du partage, de l'échange, du prêt, et de la transmission aux nouvelles générations ? No comment...

Acheter un Vinyle, c'est donc un acte militant. C'est faire le choix et le gage de la qualité, du conseil, et du professionnalisme de ce qu'on peut appeler sans risque aujourd'hui les Vrais Disquaires. Et, vue la tournure des événements, la comptine traditionnelle "J'aime la galette" est plus que jamais d'actualité. En témoigne l'affluence toujours croissante du très branché "33 tours et Café-crème"...

Elle n'est pas prêt de cesser de trotter dans nos têtes. Et c'est tant mieux, pour tout le monde. Rendez-vous au Méliès pour juger sur pièces !

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