Un quart de siècle d'Oreilles en Pointe

Ça y est, c'est parti. Le Festival de la découverte de jeunes talents, fortement ancré au cœur de notre tissu local, s'ouvre à Firminy ce vendredi 7 Novembre avec la prestation de Stéphan Eicher et de Caroline Savoie à 20h30 au Firmament. Contre toute attente et au moment où le repli sur soi semble de mise, les Oreilles en Pointe prennent le contrepied et nous reviennent avec une programmation audacieuse, chaleureuse et métissée, au fort accent du nouveau monde et de ses valeurs d'ouverture.

Tibert, racontez-nous, comment cette formidable aventure a-t-elle débutée, et comment avez-vous réussi à la pérenniser de si belle manière ?

TIBERT : La création et l'idée même du festival sont liées à ma carrière artistique: la première édition du festival a eu lieu en 1990 au N.E.C. à Saint Priest en Jarez, ce petit centre culturel venait de sortir de terre et dans le même temps mes tournées me conduisaient à croiser des groupes et artistes pour la plupart inconnus en France; j'ai proposé au responsable de l'époque d'organiser 3 jours d'un festival axé sur la découverte et le projet a vu ainsi le jour. En 1994, le festival a migré sur les bords de Loire puis au Théâtre du Parc à Andrézieux-Bouthéon. Après un changement de municipalité, il a été accueilli en Ondaine où il s'est installé depuis 2002. Je n'ai jamais "lâché la rampe" et j'ai toujours cru qu'un festival axé sur la curiosité et la découverte pouvait intéresser un public. J'ai aussi eu la chance de trouver à chaque fois des partenaires qui ont bien voulu s'investir dans ce projet: élus, pouvoirs publics, personnels municipaux, bénévoles, plus récemment industriels. Enfin le festival est une des très rares manifestations de ce genre véritablement intercommunale puisqu'il est porté par le pôle culture du Syndicat Intercommunal de la Vallée de l'Ondaine. C'est une force et une belle idée que d'unir une vallée autour d'un même projet culturel, quelles que soient les couleurs politiques en présence pour mettre en avant solidarité et intérêt public.

Les indiens d'Amérique et leur chant lexical sont le fil rouge de cette Édition 2015. Pourquoi ce choix, et qu'attendez-vous de cette nouvelle année ?

TIBERT : Un festival ne doit pas être un supermarché où l'on remplit son charriot des artistes vus dans les médias. Il doit proposer une vision, un engagement, un voyage artistique. Cette année, après avoir croisé et vu les dégâts causés en Amérique du Nord par la confrontation entre deux civilisations aux valeurs opposées, j'ai voulu mettre en avant des artistes et des représentants des Premières Nations. Solidarité, respect de la parole donnée, du milieu naturel... autant de valeurs que promeut leur culture et que la nôtre néglige.

Des coups de cœur, des coups de foudres que vous voudriez nous faire partager ?

TIBERT : C'est toujours une question difficile de pointer du doigt un artiste en particulier, je vous encourage à aller écouter les découvertes, ceux dont vous ignorez tout, souvent en première partie d'artistes plus connus: Las Hermanas Caronni, Ilaria Graziano et Francesco Forni, etc...

Alors qu'une production musicale scénique a comme chacun sait un coût de revient très élevé, le Festival conserve son côté accessible et populaire, avec des places qui n'excèdent jamais 20 €. Comment tout ça est-il possible ?

TIBERT : Grâce aux aides reçues de la part des villes partenaires, aux pouvoirs publics (Région, Saint Etienne Métropole, Département, ..) et aux partenaires privés qui nous suivent. Egalement grâce à une grande économie de moyens et à l'énergie d'une équipe ultra motivée de bénévoles hyperactifs...

Pour conclure, avant même que ne débute cette nouvelle saison, quelles sont les perspectives et quels projets pour les Oreilles en Pointe, demain ?

TIBERT : Trouver toujours de quoi alimenter notre curiosité musicale et poétique, et continuer de développer les actions tournées vers le public (stages, rencontres, concerts en entreprise, ...)