Max Colombie, nom de pays coké ou caféiné, mais Flamand à la musique morphinique en diable, a choisi de se rebaptiser Oscar and the Wolf, comme dans un conte pour enfant, sans doute parce qu'il avait des choses à conter. Ces choses, il les conte depuis des ballades nocturnes, glacées à effet pourtant chauffant. Une sorte d'igloo musical avec vue sur la Lune, car les loups aiment la Lune, c'est bien connu.
S'il se produit en groupe sur scène, c'est bien en loup solitaire qu'il gère depuis quatre ans son univers discographique, un ordinateur toujours à portée de main. Un peu à la manière d'un James Blake ou d'un Chris Garneau, avec lesquels on pourrait tracer des comparaisons, même des comparaisons de trois fois rien, d'atmosphère ou d'intention.
Comme ce dernier par exemple, Max Colombie/Oscar a d'ailleurs tâté du folk mais a fini par lui préférer les nocturnes en chambre, la sienne, les envolées oniriques nichées au creux du cerveau quand celui-ci tourne à mille tours/minute pendant que dehors la ville est endormie – les beaux et surprenants éclats au piano d'Astriu.
Comme Blake, c'est dans un mélange d'envolées pop et d'explorations sonores qu'il trimballe un timbre lui aussi unique, même si probablement placé à l'opposé du spectre vocal. Ce qui produit une sorte de R'n'B fantômatique en tout point irrésistible sur des titres comme Joaquim ou Princes. Baptiser Entity, son dernier album, enregistré entre Londres et Bruxelles, n'était alors plus qu'une formalité. Tant il semble à l'écoute d'Oscar and the Wolf qu'on ait affaire à une entité aux contours aussi difficiles à tracer que le portrait d'un halo lumineux dans la nuit noire.
Stéphane Duchêne
Oscar and the Wolf
Au Marché Gare samedi 31 janvier