L'histoire, de l'humanité comme de l'art, est jalonnée de révolutions. De papyrus en courrier électronique, le papier a longtemps été souverain mais apparaît aujourd'hui comme un support fragile voué à disparaître. Né en Chine durant l'Antiquité, ce médium demeure une source inépuisable de création.
L'un des premiers artistes ayant ainsi expérimenté cette matière pour ses caractéristiques intrinsèques est Pablo Picasso qui, en 1912, réalise ses premiers papiers collés, dont un est exposé au Musée de Grenoble. Aujourd'hui encore, la feuille s'avère être un outil de recherche plastique. Tel est le leitmotiv de l'exposition Cent papiers curatée par Élisabeth Chambon dont la thématique et le titre ont conditionné certaines contraintes : des œuvres de petits formats et l'impératif d'avoir cent œuvres (pour 87 artistes au total).
L'exposition s'est faite selon les « affinités électives » d'Élisabeth Chambon, dévoilant au public de belles feuilles, souvent en 2D. Se côtoient de grands noms tels que Francis Picabia, Jean-Marc Rochette, Annette Messager, et des artistes locaux comme Gilles Balmet et Julien Beneyton, selon une narration qui tend vers la fiction.
Papiers incisés, lamelles colorées, jeux de transparence, aplat perforé, les artistes emploient avec finesse le médium pour lui-même avant d'y déployer la forme. En usant d'un transfert de peinture flottante sur un papier deep violet, Patrice Pantin crée une couleur vibrante. Jill Gallieni nous plonge elle dans une écriture incantatoire et répétitive, fermant la boucle d'une exposition où la feuille demeure souvent lisse par l'utilisation qui en est faite, mais où se croise figuration et abstraction, artistes de renom, locaux et illustrateurs, dans une fiction dessinée de haut papier. Charline Corubolo
Cent papiers, jusqu'au dimanche 24 avril au Musée Géo-Charles (Échirolles)