Art contemporain / Stone, une exposition au croisement de la science et de la poésie avec trois artistes explorant chacun à leur manière la minéralité en déroulant des fils à partir de la terre, la roche, la pierre vers le cosmos, l'histoire, la géographie, la sensorialité...
Une “empreinte de la ville” : c'est la première proposition réalisée par l'artiste taïwanaise Yen-Tzu Chang. Soit une pierre des Monts d'Or qui renferme les sons de la ville : des rires d'enfants, des cris de manifestants ou le coulis de l'eau s'échappent dans l'atmosphère au fur et à mesure que les mains s'attardent dessus (oui il faut TOUCHER l'œuvre !) Le patrimoine et le vivant se rencontrent avec ce caillou qui prend la forme d'un souvenir, du cœur battant de la ville. Une cartographie sonore tangible qu'accompagne un plan de Lyon dessiné à même le mur retraçant les pérégrinations de l'artiste.
Philosophie naturelle
Une tentative de rationalisation du mystérieux, ce pourrait être une définition de l'approche de Damien Fragnon qui s'est plongé dans l'univers des météorites. Ces corps rocheux d'origine extraterrestre restent scientifiquement flous sur bien des aspects, laissant le champ libre à l'imagination. Son approche est quasi scientifique : répertorier les météorites tombées en France, sélectionner certains lieux, reproduire les météorites à l'identique puis les photographier à l'endroit exact où elles ont atterri. Certaines reproductions sont exposées à la galerie, leur date de chute inscrite sur le présentoir en bois : date à laquelle elles rejoindront le tableau des photographies, une par une, inexorablement. On flirte avec le land art, encore davantage avec sa deuxième œuvre L'île au 220 sacs : l'artiste a déposé un sac de sable au parc de la Feyssine tous les mois pendant deux ans jusqu'à former une île, récemment officialisée par Google Map.
L'évolution du territoire et du vivant est aussi au coeur de l'œuvre de Sarah del Pino, partie du constat que « la terre n'est pas seulement une matière inerte sous nos pieds mais une matière vivante qui se meut. » Méthodiquement, elle a sélectionné et déshydraté des agglomérats de différentes terres, puis les a plongés dans l'eau. En images et en musique, le résultat est visible sous la verrière de la galerie : bulles, dissolution, crissements, mélodies, jamais le bruit de la terre n'a été aussi joli.
À la BF15 dans le cadre de la Biennale Musiques en Scène jusqu'au 24 mars