Auteur d'une œuvre immense et éclatée (dessins, dessins animés, décors, affiches, dessins filmés ; auteur de romans aussi), Roland Topor (1938-1997) est tout simplement l'un des grands artistes du siècle passé. Immense même, affirmons-le tout net, lorsqu'on redécouvre ses chefs-d'œuvre réunis dans un premier volume par Les Cahiers Dessinés. Tous ces superlatifs paraissent bien ronflants (voire paradoxaux) pour l'ancien membre du joyeux "anti-mouvement" Panique et pour un Topor ironiste en diable. Mais ouvrez l'ouvrage, allez voir l'exposition que lui consacre en parallèle la librairie Le Bal des Ardents, et vous verrez qu'il n'en est rien, rien de trop.
Ses dessins, utilisant essentiellement la technique (complexe) des hachures, foudroient le regard avec leurs scènes intriquant cruauté, drôlerie et puissance des énigmes existentielles, dans une sorte d'atemporalité classique en noir et blanc. C'est la vie que dessine Topor, mais la vie sans fard, la peau interne retournée vers l'extérieur (ou vice-versa), ses horreurs et ses joies crevant, parfois littéralement, les yeux, les corps, les consciences... La vie foudroyée en un éclair de lucidité et d'amour pour elle.
Topor, Chef-d'oeuvres (Les Cahiers Dessinés)
À la librairie Le Bal des Ardents du 16 octobre au 15 novembre