C'est la grande nouveauté du festival : une compétition officielle dans les règles de l'art, avec jury et grand prix, où l'on devra départager cinq films venus de tous horizons, entre inédits, avant-premières et nécessaire redécouverte. Passage en revue.CC
Malcolm d'Ashley Cahill
Le film qu'on n'a pas vu de la compétition. Il a été présenté ce mardi, mais il sort aujourd'hui sur les écrans. On dit plus loin que c'est un C'est arrivé près de chez vous new-yorkais. On ne se hasardera pas à en dire plus.
Antiviral de Brandon Cronenberg
À Cannes, pendant que papa David recevait les honneurs de la compétition avec son Cosmopolis, son fiston Brandon se retrouvait dès sa première œuvre dans la cour des petits (la sélection Un certain regard) avec Antiviral. D'un côté, on n'a pas envie de faire une comparaison cruelle et écrasante pour junior ; de l'autre, il la cherche en allant décalquer sans scrupule un scénario du padre (Videodrome) qu'il bascule dans un imaginaire (et un charabia) geek assez désolant, pour un très long essai qui ressemble à un film de fin d'études ou à la synthèse de longues nuits passées à bouffer de la théorie du complot sur internet.
Alyce de Jay Lee
La potacherie n'est parfois qu'une manière de se faire un bon coup de pub. Ainsi de Jay Lee, qui s'était amusé à tricoter une série Z autoproclamée culte, Zombie strippers, attirant ainsi les regards sur son nom. À défaut de lever des fortunes, cela lui a au moins permis de monter d'un cran ses ambitions de cinéaste avec Alyce. Un film de malin, certes, qui transforme les merveilles de l'Alice inventée par Lewis Carroll en enfer urbain et son héroïne en consommatrice de substances illicites. Pour le coup, une bonne série B, bien gore et bien dérangeante.
Thanatomorphose de Éric Fallardeau
L'objet le pus déviant de la compétition, haut la main. On le situera au croisement du film arty et fauché, avec ses comédiens qui traînassent à poil dans un loft et ses clips expérimentaux avec musique toute de drones bourdonnants et du film-qui-repousse-les-limites-du-représentable-à-l'écran. Sur ce terrain, il faut reconnaître que Fallardeau n'y va pas de main morte, détaillant le calvaire de son personnage (qui se décompose littéralement à mesure que le film avance) avec une minutie dans l'horreur à vous faire vomir votre Mac Do. On peut aussi y voir une métaphore du désespoir de la jeunesse canadienne. On peut.
Khodorkovski de Cyril Tuschi
Pendant qu'Emmanuel Carrère s'intéressait au parcours sinueux d'Édouard Limonov, Cyril Tuschi réalisait ce documentaire (déjà sorti en salles, mais qui est sans nul doute le meilleur film de la compétition) sur Mikhaïl Khodorkovsky, personnalité emblématique de l'oligarchie née de la période post-soviétique en Russie, puis symbole de la "despotisation" du pouvoir par Vladimir Poutine, qui le fera mettre en prison pour escroquerie et évasion fiscale. Le film se refuse à lever toutes les ambiguïtés sur le personnage, mais ne cesse jamais de faire du cinéma, du vrai, visuellement et narrativement.