Pour sa quatrième édition, le festival Bassodrome monte encore en gamme avec une programmation toujours plus vaste, diversifiée et ambitieuse. Et s'impose désormais en véritable incontournable, à même de séduire un public bien plus large que celui des seuls passionnés de bass music. On vous dévoile ses recettes.Damien Grimbert
1/ Viser large
Comment réussir à créer un événement fédérateur lorsqu'on officie dans un registre musical (la bass music) qui reste encore relativement peu connu du grand public ? En premier lieu, ne pas miser tout sur la musique : accueil chaleureux, gros travail sur la scénographie et le veejaying, gratuité d'une partie des événements, multiplicité des lieux, à-côtés sympas (essayez donc le golfodrome du samedi après-midi, organisé par Street Golf Grenoble)... Le Bassodrome, c'est un véritable petit parc d'attraction à travers la ville. Dans un deuxième temps, jouer la carte de l'ouverture : musicale bien sûr, puisque du dancehall à la house, en passant par le rap, le grime, la tropicale ou l'électro, la bass music se trouve de fait au centre d'une multitude d'esthétiques. Mais aussi associative, puisqu'entre la carte blanche du vendredi donnée à Rinse France, la soirée du mercredi organisée au Canberra par l'équipe des Mercredis Pimentés et la "tournée générale" du jeudi dans le quartier Championnet, c'est pas loin d'une dizaine de collectifs qui trouveront droit de cité.
2/ Varier les plaisirs
En quoi consiste donc cette mystérieuse "tournée générale", grande nouveauté de cette quatrième édition ? Le principe est simple : cinq bars différents, cinq collectifs grenoblois aux commandes (Bassroom Sound, Carton-Pâte Records, DVLLVS, Icône et LGNE) et autant d'ambiances musicales différentes, qui serviront d'échauffement à une grande after-party organisée par Ghetto Sound World dans un sixième lieu. Et n'allez pas prendre cette dernière pour un simple bonus, puisqu'elle sera l'occasion de découvrir pour la première fois à Grenoble, aux côtés des locaux Jean Booty et Général Haze, le talentueux DJ/producteur belge Max Le Daron, boss du label Lowup Records et spécialiste incontesté des confluences entre musiques africaines modernes, dancehall jamaïcain et bass music.
3/ Inviter les nouveaux venus
Petite sœur de la célèbre radio londonienne Rinse FM, Rinse France n'est apparue qu'en début d'année sur le net, mais a déjà réussi à faire tourner pas mal de têtes dans l'intervalle, en ouvrant grand sa porte au pan le plus avant-gardiste de la scène électronique française, pas forcément trop à l'aise au sein d'une orthodoxie clubbing un peu rigide à son goût. Invitée par l'équipe du Bassodrome à prendre les rênes de la soirée du vendredi, la Parisienne a fait appel à plusieurs ambassadeurs de renom : le vétéran érudit Kazey, passé par toutes les aventures musicales de ces vingt dernières années (house, techno, rap, Baltimore club, bass music...), le jeune prodige Manaré, 22 ans et déjà un parcours d'activiste sonore bien rempli, Azamat B., co-créateur des soirées Boomclap à Montréal, programmateur du festival la Calypso et moitié du duo IFYW avec Sinjin Hawke, ou encore un certain Murlo...
4/ Faire venir Murlo à Grenoble
Si vous ne connaissez pas le nom de ce jeune artiste anglais, on ne vous en tiendra pas rigueur, ça ne fait après tout qu'une petite poignée d'années qu'il est en activité. Si vous manquez son set de vendredi en revanche, préparez-vous mentalement à le regretter amèrement. Passionné de musiques caribéennes et tropicales (soca, dancehall...), mais grandi au son du grime et de la bassline, Murlo a réussi à trouver au fil du temps l'équilibre parfait entre ces deux influences, malaxant le feu et la glace dans une alchimie qui lui est propre (chose assez rare, chacune de ses productions se reconnaît dès la première écoute) et n'a pas son pareil pour retourner les dancefloors du monde entier. Toujours à l'affut des dernières tendances musicales, qu'elles viennent des grandes villes américaines ou des bidonvilles des cinq continents, il intègre dans ses sets ces dernières à son background sonore typiquement britannique, pour un résultat proprement époustouflant.
5/ Savoir faire plaisir aux fidèles
S'il a su ces dernières années sortir de sa zone de confort et s'ouvrir à de nouvelles chapelles musicales, le Bassodrome n'en a pour autant jamais renié ses racines : une musique syncopée aux infrabasses surpuissantes, née au cœur des clubs et sound-systems londoniens. Et à ce titre, la soirée de clôture du samedi soir, qui se déroulera à la fois à l'Ampérage et au Drak-Art, aura un peu des allures de grande messe. Jugez-plutôt : une légende de la scène UK house devenue véritable star internationale (Roska), la dernière sensation en provenance de Bristol, responsable de l'embrasement d'un nombre croissant de pistes de danse (My Nu Leng), un véritable mutant de la drum'n'bass, adepte du mix à 3 platines (Phace), un MC vétéran et versatile, fort de quinze années d'expérience au micro (MC DRS), un adepte des mélanges inflammables entre reggae, ragga et bass music (J Bostron)... Sans oublier un secret-guest britannique, dont l'identité ne sera révélée que le soir même. Prêts à rejoindre les convertis ?
Festival Bassodrome, jusqu'au samedi 4 octobre, dans divers lieux